Renaud Monnet est le directeur du Digital Lab de CentraleSupélec, à l’origine d’Aristote, une plateforme ouverte basée sur l’IA générative retenue par Gabriel Attal comme l’une des principales IA au service de la fonction publique.
JDN. Sous quelle forme Aristote se présente-t-il ? Quels sont les cas d’usage ?
Renaud Monnet. Le projet Aristote est né en avril-mai 2023 à CentraleSupélec, où une équipe d’étudiants a réfléchi à ce qui pourrait améliorer leur expérience quotidienne grâce à l’intelligence artificielle, notamment les IA génératives, en plein essor avec la vague ChatGPT. Ils ont proposé un premier prototype mettant en évidence des fonctionnalités et une expérience utilisateur qui leur faciliteraient la vie pour réviser des cours et apprendre. L’idée principale est de prendre la vidéo et le support de cours, de les faire traiter par une IA, et de produire un nouvel objet combinant le transcript de la vidéo avec les slides. Ainsi, on obtient le transcript de ce que le professeur a dit pendant qu’il présentait chaque slide. On peut rechercher des mots-clés dans ce transcript et accéder directement au bon endroit, évitant de perdre du temps à chercher en avance rapide dans la vidéo.
Aristote s’adresse-t-il à l’enseignement supérieur uniquement ?
Bien qu’Aristote ait été initialement conçu pour l’enseignement supérieur, nous sommes en train de tester son efficacité sur des vidéos de collège. A priori, les résultats semblent plus prometteurs pour le collège et le lycée que pour l’enseignement supérieur, car les contenus sur lesquels les IA génératives sont entraînées donnent de bons résultats à ces niveaux.
Nous sommes actuellement en relation avec le ministère de l’Education nationale pour qu’Aristote soit utilisé au niveau collège et lycée. Cependant, notre cible initiale reste l’enseignement supérieur, qui présente plus de défis. Nous envisageons de procéder par discipline, car nous observons de meilleurs résultats dans les domaines des sciences humaines au sens large (histoire, sociologie, etc.) que dans les disciplines scientifiques, où les IA éprouvent évidemment plus de difficultés.
Quels sont les prochaines étapes de développement ?
Tout d’abord, nous allons fournir une capacité serveur importante pour permettre une montée en puissance rapide et le traitement d’un grand nombre de vidéos. Ensuite, l’échange avec les enseignants sur la qualité des contenus produits sera essentiel. Nous devrons certainement produire et reproduire plusieurs fois les contenus en fonction de leurs retours, dans un processus d’itération.