L’interactivité, l’animation multimédia, l’habillage graphique sont des éléments présentés comme nécessaires à la performance du Digital Learning : plus d’engagement, plus d’attention, plus de mémorisation. Et si à l’inverse on tentait le minimalisme en formation ?
(ce billet est volontairement court, démonstration par l’exemple ? 😀)
Moins de forme, plus de fond
Il est courant d’avoir envie de provoquer un effet « waouh! » dans les premières secondes d’une formation digitale sans se demander : « pourquoi ? ».
Les raisons sont souvent :
- la peur de ne pas avoir de retours positifs sur la formation ;
- la croyance que la forme l’emporte sur le fond.
Malheureusement pour ceux qui consacrent une part importante de leur budget dans un générique d’introduction hollywoodien, cet effet « waouh! » ne compensera pas d’éventuelles faiblesses pédagogiques.
Chaque euro consacré à renforcer la conception pédagogique et l’accompagnement sera toujours mieux investi que dans un éphémère effet « waouh! ».
Moins de fond, plus d’action
Un autre travers courant en Digital Learning, est d’ajouter plutôt qu’éliminer du contenu.
Ce biais vient du fait qu’un formateur adapte son contenu à chacune de ses sessions en fonction du profil et des questions des stagiaires. Il est alors tentant d’étendre au plus large les contenus abordés en digital learning pour ne pas avoir de « trou » dans les savoirs traités.
Au contraire, il faut non pas agréger l’ensemble des savoirs possibles, mais les restreindre au plus petits besoins communs à l’ensemble de la cible visée.
Le travail d’étude de « la matière » et de conception pédagogique est terminé non pas quand l’exhaustivité d’un sujet est traité, mais au contraire quand il n’y a plus rien à enlever.
Un fois ce travail de minimalisme effectué, il est alors possible d’utiliser l’espace ainsi dégagé pour y ajouter des activités consommatrices de temps mais très efficaces pour l’appropriation et la mémorisation (comme des exercices d’exploration nécessitant d’être fait plusieurs fois pour être réussis).
Il est beaucoup plus pertinent de s’assurer que l’essentiel est maîtrisé plutôt que l’ensemble soit survolé.
Moins d’action, plus de réflexion
Mais attention à ne pas tomber dans le piège de l’interactivité à tous crins. Il n’est pas rare d’entendre que l’interactivité permet de gagner l’attention de l’apprenant. En quoi le fait de cliquer toutes les 10 secondes rend la formation plus performante ? Au contraire, cette frénésie du clic empêche l’utilisateur de se concentrer, de prendre le temps de réfléchir.
Un bon exercice est celui qui laisse le temps de la réflexion, qui oblige l’apprenant à se souvenir des acquis précédents, à les combiner pour élaborer une stratégie de résolution de problème à produire les réponses les plus adaptées aux questions posées.
C’est le temps de réflexion provoqué par les activités pédagogiques qui est le gage d’une bonne appropriation, plutôt que le nombre de clics.
« La conception pédagogique est terminée quand il n’y a plus rien à enlever. » — Rita Renoir