En 30 ans, la durée moyenne (en France) des études supérieures à doublé (de 16 à 35 mois *). Durant la même période, la durée moyenne des heures de formation professionnelle a également doublé **. Bigre ! Non seulement, l’accès à l’emploi demande des études plus longues, mais ensuite, pour conserver son employabilité, il faut se former régulièrement. La formation tout au long de la vie est donc une réalité. Mais alors, comment gérer et financer ce besoin de formation permanent ? [Casse-tête]

De la formation de masse à l’individualisation

Pendant de nombreuses années, le plan de formation était décidé “d’en haut”, en fonction des besoins de l’entreprise, et non de ceux exprimés par les salariés. Le DIF (droit individuel à la formation) a eu comme objectif de donner de l’autonomie aux individus dans le choix de leurs formations. Le DIF a rapidement été détourné par les entreprises pour conserver la maîtrise de la finalité des dépenses de formation. Le CPF, successeur du DIF, permet cette fois-ci de donner réellement la liberté aux individus de choisir les formations qu’ils désirent suivre. A moins que le CPF co-construit ne soit un nouveau tour de passe-passe pour redonner la main aux entreprises…

De la dépense à l’investissement

Deux tendances conduisent à considérer la formation non plus comme une dépense mais comme un investissement.

La première tendance est la digitalisation de la formation qui nécessite de concevoir et produire des contenus pour les diffuser en ligne dans le cadre de parcours de formation. Le terme employé dans ce cas est même “capitalisation des savoirs”. La logique économique du Digital Learning est l’inverse de celle de la formation traditionnelle. Dans le cas de la formation en salle, le coût de constitution des supports est faible, mais ensuite la dépense est proportionnelle au nombre de personnes à former et étalée dans le temps. Formulé autrement, en salle, plus on forme, plus ça coûte, et à la fin de la formation, l’entreprise n’a pas de capital. Dans le cas du Digital Learning, le principal de la dépense est dans le coût de constitution du parcours de formation qui doit être effectué avant même de pouvoir former. Ensuite, le coût de formation est très faible. Formulé autrement, à distance, plus on forme, plus le coût individuel est faible, et à la fin, l’entreprise dispose d’un capital immatériel ré-employable.

La deuxième tendance est liée aux demandes des entreprises et des fédérations professionnelles de pouvoir considérer les dépenses au-delà du 1% formation comme un investissement immatériel amortissable et pouvant conduire à un crédit d’impôt. Cette demande est légitime et louable, car elle permet aux entreprises “d’investir” dans la formation et dans la montée en compétence de leurs salariés, non plus en fonction des financements possibles (limité au 1% formation), mais en fonction des besoins réels de formation.

De la planification annuelle à l’agilité

De la demande de formation à sa réalisation effective, il pouvait s’écouler parfois plus d’un an. Autant dire qu’il ne fallait pas que celle-ci soit liée à un besoin urgent. Heureusement, le Digital Learning apporte une souplesse et une réactivité tout autre. Si tant est que les administrateurs des plateformes ne considèrent l’accès à une formation en ligne comme un bien si précieux qu’il ne soit attribué que par une inscription formelle soumise à l’approbation du manager et du RF, mais au contraire laissent en accès libre un large catalogue de parcours. Dans ce cas, qui mieux que le collaborateur lui-même est capable de choisir les formations qui lui conviennent. La majorité des entreprises qui ont “ouvert” l’accès aux formations constatent que non seulement les collaborateurs se forment plus, mais surtout se forment mieux. La crise de 2020 a fait sauter les barrières de formation à distance, espérons qu’elle libére dans la foulée l’accès à la formation.

 

* source : ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, DEPP, Insee, OCDE

** source : statista

 

 

“ La formation doit savoir s’adapter.”Barbapapa

 


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