Dernier buzz world à la mode, l’IA (Intelligence artificielle) fait couler des torrents de fantasmes, de peurs et d’interrogations. Bien malin celui qui arrive à trier sans peine le vrai du faux. Cependant, à court terme, l’IA pourrait bien mettre quelques neurones dans le périmètre de la formation. Lumière sur ce que pourrait être la formation dopée à l’IA.

Que sont les intelligences artificielles ?

La notion d’intelligence artificielle a déjà presque 70 ans. Définie en 1950 par Alan Turing, elle peut se résumer simplement par « une machine capable de penser ». Les intelligences artificielles ont connu un développement continu depuis les premiers ordinateurs, mais avec une nette accélération depuis les années 2000 où les puissances cumulées de grappes d’ordinateurs ont permis d’atteindre un niveau de calcul suffisant pour obtenir des résultats ayant un réel intérêt.

Historiquement elles ont progressé par palier :

  1. Le premier palier atteint est celui des algorithmes procéduraux capables d’appliquer une méthode, une procédure, proposant un résultat juste et cohérent en fonction de paramètres d’entrée. Comme trouver le meilleur coup à jouer dans une partie d’échec.
  2. Le deuxième palier est celui du Machine Learning ou apprentissage automatique. Ce type d’IA est capable d’apprendre à reconnaître des formes, des objets, des visages, et de sonner l’alerte sur les moniteurs de contrôle chinois quand un opposant en cavale passe devant une caméra de surveillance.
  3. Le troisième palier — celui qui commence à produire quelques inquiétudes — est celui du Deep Learning. Rendu possible par des réseaux de neurones artificiels, d’énormes quantités de datas, et des algorithmes non supervisés (des systèmes capables d’étudier des données sans en connaître le sens) mais surtout par des puissances de calcul gigantesques. Ce dernier niveau est celui atteint par AlphaGo, qui démontra en 2016 que désormais, une IA pouvait devenir le meilleur joueur de GO du monde.
    L’inquiétude s’est transformée fin 2017 en certitude qu’il allait bientôt falloir composer avec des IA supérieures à l’homme dans des domaines de logique pure, d’analyse ou de prévision quand AlphaZero bat à plate couture AlphaGo en apprenant à jouer tout seul au Go en quelques heures et en n’ayant comme données de départ qu’uniquement les règles du jeu alors qu’AlphaGo avait dû s’ingurgiter des millions de parties humaines avant d’en devenir le champion.

Nous en sommes maintenant certains, des machines capables de dépasser l’homme sur des domaines stables, cohérents et durables vont voir le jour et devenir nos prochains assistants nous déchargeant de longues et fastidieuses tâches comme déterminer une probabilité de développer une maladie en étudiant l’ensemble de notre historique génétique, médical et alimentaire, si tant est que ces données soient collectées et accessibles. Car la clé de la pertinence d’une IA n’est clairement plus sur les outils d’analyse, mais sur les données et leur disponibilité.

Les intérêts de l’IA en formation

Les IA de premier niveau sont déjà utilisées dans les outils comportant de l’adaptive learning, et les résultats sont plutôt encourageants. Ces IA arrivent à déterminer nos préférences, nos comportements, nos points forts et nos points faibles sur des sujets, et à adapter le parcours et l’expérience de formation pour optimiser nos efforts pour maximiser l’apprentissage.

En transposant ce que les IA des GAFAM sont capables déjà capables de faire actuellement, on peut imaginer des applications en formation comme :

  • la réponse automatique à des questions de compréhension
  • l’anticipation et le traitement des décrochages par des sollicitations stimulantes
  • la suggestion d’amélioration dans la formulation de savoirs
  • la proposition d’optimisation du déroulement de certaines activités pédagogiques
  • la génération automatique d’exercices
  • une meilleure analyse des niveaux initiaux et finaux des apprenants
  • une suggestion de formations à suivre pour développer des domaines de compétences

Qui peut proposer des IA pertinentes ?

Doter des dispositifs de formation d’IA pertinentes et réellement utiles n’est pour l’instant accessible qu’aux structures ayant accès aux dernières générations d’IA. Google, Amazon, Microsoft l’ont bien compris et commencent à mettre à disposition leurs outils dans le Cloud pour qu’ils puissent être intégrés facilement à tout type de systèmes.

Rares seront les entreprises capables de proposer des IA puissantes et performantes sans s’appuyer sur d’énormes capacités de calcul. Le passage par la case GAFAM semble donc assez inévitable pour qui voudra se vanter d’avoir réellement de l’IA dans ses produits.

Mais au-delà des puissances de calcul, c’est bien la possession de data qui fera la différence. Car sans data, l’IA n’est rien. Sur ce domaine-là également, les « gros » ont un avantage.

Cependant, pendant quelque temps encore, tant que la notion d’IA restera confuse et les applications rares, il sera possible d’en faire un usage marketing plutôt que réel.

Nous n’avons pas peur d’une visseuse électrique, bien plus performante que notre main armée d’un simple tournevis, ou d’une vrombissante moto japonaise bien plus rapide qu’un bon vélo Peugeot, alors ne nous effrayons pas d’une IA capable de retrouver une aiguille dans une botte de foin ou de nous battre sans état d’âme à la plus acharnée des parties de belotte, ou bien de nous guider, nous accompagner et nous assister dans nos parcours d’apprentissage.

« Apprendre n’a rien d’idiot » — Albert Einstein

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