Voilà quelques années que le terme pairagogie, ou en anglais peeragogy, le pair à pair, ou le peer to peer, P2P, est entré dans la littérature de la formation. S’agit-il d’une nouvelle tendance qui va révolutionner la formation ou d’un nouveau wording, qui se propose de changer les mots pour ne pas changer les choses ?

1, Les origines de la pairagogie

L’origine de la pairagogie est à rechercher dans la notion de foule. Jean-Jacques Rousseau parlait de « peuple sublime », une conception idéologique d’un peuple vertueux par nature.

Le créateur du mot d’intelligence collective fut David Weschler en 1971, et la foule pouvait devenir intelligente en 2005 (Howard Rheingold, Foules intelligentes).

Ce changement sera enrichi par la notion informatique de « peer to peer », une architecture numérique décentralisée qui partage directement les informations entre les pairs avec des outils comme Napster (1999). L’intelligence collective est une transmission explicite de contenus.

2, La pairagogie

La définition de l’apprenant est que non seulement, il n’est plus infantilisé, étymologiquement l’enfant est celui qui n’a pas le droit à la parole, mais la parole de l’apprenant devient la clé de l’évaluation de l’ensemble du système. La politique d’engagement devient le cœur du système. La communauté apprenante devient un outil de formation avec un apprentissage à l’engagement partir d’une évaluation, une note, un like à du Learner Generated Content (LGC), du verbatim, des situations terrains, du contenu. L’IA générative renforce la capacité de production du contenu de qualité par l’apprenant lui-même. Si l’animation de pair à pair semble gagner du terrain dans la formation, le pilotage quant à lui reste du domaine réservé des experts. Et pourtant avec le nouveau paradigme qui est mieux placé que l’apprenant, que l’on dit adulte, pour savoir si son apprentissage lui a été utile ? Le service formation va devoir se transformer en service des apprenants, le contenu laisse la place à la personne apprenante.

3, Que peut-on en penser ?

Le numérique a accéléré l’émergence de la pairagogie. Reste à définir ce que la société appelle un apprenant. La pairagogie peut penser l’apprenant rationnel qui exprime en pleine conscience ses besoins et la réalisation de ses ambitions, ou un apprenant émotionnel celui qui va prendre plaisir à apprendre ensemble, ce qu’exprime la fouloscopie. Quelle que soit la définition de l’apprenant, le pilotage de l’entreprise est essentiel pour l’organisation des territoires apprenants. La pédagogie affective complète la pédagogie rationnelle. La communion apprenante est un facteur clé de la pairagogie, crée ses aventures partagées le travail des pédagogues. C’est ce qu’attendent les apprenants et en plus, ce qui n’est pas inintéressant pour l’entreprise, miser sur les pairs coute beaucoup moins cher.

 

La pairagogie est un changement culturel qui introduit la sociologie dans les politiques de formation, apprendre à connaître les désirs des apprenants, apprendre à susciter des désirs nouveaux remet le marketing de la formation au cœur du pilotage. Apprendre n’est pas former, former, c’est piloter des formes sociales, c’est ce que la société dit qu’il faut apprendre. La formation s’inscrit dans la démarche stratégique de l’entreprise, tout le changement est dans une nouvelle gouvernance, certains parlent de contrat social, là où d’autres parlent de pacte social, qui inclut raison et émotion pour érotiser la formation. La pairagogie est un outil au service d’une histoire.

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