La Edtech requiert à la fois des valeurs d’humanisme, de pédagogie et d’égalité des chances. De telles qualités semblent nécessaires pour entreprendre dans ce secteur. Où en est ce marché aujourd’hui ? Trois questions à Benoit Praly, CTO de la société d’apprentissage des langues Learnation (PrepMyFuture), à quelques jours de la rentrée des classes.

Benoît Parly : On assiste aujourd’hui à un effort de consolidation des acteurs du marché. L’EdTech accélère de plus en plus ces dernières années, après une vraie poussée du nombre de startups qui s’y sont créées. Ce que l’on observe aujourd’hui, à l’heure du digital, c’est que peu d’entreprises se développent uniquement sur de la création de contenu. Il y a plutôt des plateformes, des entreprises qui se créent sur des solutions digitales en mode SaaS, avec des abonnements pour répondre à des enjeux d’apprentissage. Il y a aussi de moins en moins d’initiatives ayant l’ambition de révolutionner un apprentissage, comme celui des maths par exemple, à la faveur de besoins de niche, comme la dyslexie, avec des startups qui se concentreront sur l’apprentissage de la lecture. Ces sortes de petites verticales génèrent beaucoup de valeur. Elles contribuent aussi à constituer un écosystème français de la Edtech, très morcelé. Il y a 337 acteurs référencés au sein de Edtech France. Cela va de startups d’une ou deux personnes à des ETI de 500 collaborateurs qui sont dans la high-tech et la Ed Share tech. C’est énorme !

BM : Quels conseils partageriez-vous à un entrepreneur en herbe ou à un jeune étudiant qui voudrait se lancer dans l’entrepreneuriat et dans la EdTech notamment ?

BP : Je lui dirais d’abord de se lancer car cela signifie qu’il porte des valeurs pédagogiques, d’humanisme, d’égalité des chances. Et on a besoin d’entrepreneurs comme ça ! Le terrain, le territoire français, est un bon endroit pour rayonner dans toute la francophonie. Je lui dirais aussi qu’il faut se lancer une fois qu’on est un peu mature. Il faut aller chercher des fonds, commencer à travailler localement avec des écoles ou alors avec des réseaux de business angels s’il y a besoin d’investissement pour développer des solutions. Ensuite, il ne faut pas avoir peur de nouer des partenariats avec d’autres entreprises, même si elles sont plus grandes. Mais ça, c’est un problème assez français : d’avoir ce sens de l’ingénieur qui veut bâtir des systèmes trop complexes, trop mathématiquement corrects. Au final, à l’usage, on se rend compte bien souvent que l’on ferait mieux de simplifier ce qu’on fait et de trouver des partenaires. Le mieux est l’ennemi du bien !

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