L’irruption des technologies d’intelligence artificielle (IA) dans le système éducatif français soulève des questions majeures juridiques, éthiques, sociétales. Si elles offrent des avancées majeures pour personnaliser les apprentissages, alléger les tâches administratives, détecter le décrochage scolaire, leur appropriation reste hétérogène et limitée par l’absence de cadre structuré. Un rapport sénatorial publié en octobre 2024 fait le point sur les enjeux liés à l’IA dans l’éducation.
“La question n’est […] plus de décider s’il faut faire une place à l’IA dans l’éducation – elle y a déjà fait irruption – mais de savoir comment accompagner les développements en cours et répondre aux enjeux de l’éducation par et à l’IA.” Tel est le positionnement du rapport(Lien sortant, nouvelle fenêtre) de la délégation à la prospective sénatorial de Christian Bruyen et Bernard Fialaire publié le 30 octobre 2024. Car depuis le lancement de ChatGPT en 2022, l’intelligence artificielle (IA) génère un intérêt croissant dans le domaine éducatif : personnalisation de l’apprentissage, évaluation automatisée des élèves, détection du décrochage scolaire, allègement des tâches administratives, apprentissages inclusifs etc. Mais, en France, son utilisation est à géométrie variable, faute de cadre structuré, de formation adéquate et le potentiel sous-exploité…
Dans le cadre de France 2030, afin d’encourager l’émergence de pôles de formation de rang mondial dans le domaine de l’IA, neuf universités et grandes écoles sélectionnées en mai 2024 dans le cadre de l’appel à manifestation d’intérêt “IA-clusters” piloté par l’Agence nationale de recherche (ANR) proposent des formations complètes spécialisées en IA. Parallèlement, le dispositif “Compétences et Métiers d’avenir” (CMA) doit permettre d’accélérer l’adaptation des formations aux besoins des filières économiques concernées et de développer significativement les places de formation, en particulier dans les écoles d’ingénieurs et de management.
Les défis : former, accompagner, évaluer
Une adoption généralisée de l’IA dans l’éducation passera par la mise en œuvre de plusieurs priorités identifiées dans le rapport : former les enseignants en incluant des modules sur l’IA dans la formation initiale et continue. “Il s’agit d’assurer les enseignants de leur place toujours centrale dans le processus éducatif, de démythifier l’IA, mais aussi de faire la démonstration scientifique de la capacité de l’IA, en particulier l’IA générative, à favoriser la montée en compétences des apprenants et de transformer efficacement les façons d’enseigner”. Il faudra également soutenir la recherche et l’expérimentation sans oublier de favoriser une culture citoyenne de l’IA, préconise le rapport. Autant dire que la route est encore longue.