Il y a trois ans, on croyait que tout était sur les rails pour la formation professionnelle. Une stratégie nationale 2016-2021, adoptée après cinq ans de gestation, plus d’une centaine de mesures arrêtées, une vingtaine de conventions de mise en œuvre signées… Sauf que la stratégie est restée lettre morte, comme si elle n’avait jamais existé. S’il n’y avait pas eu de coup  de semonce royal, aurait-on avancé ?

Contrairement aux établissements publics de la formation professionnelle, les opérateurs privés ont vu leurs effectifs quasiment stagner. Sur les quinze dernières années, le nombre de leurs stagiaires a augmenté en moyenne de 1,8% par an, pour se situer à 76.364 en 2017-2018. Le public, lui, a progressé de 10% par an. En 2018, il gérait quelque 319.765 inscrits. En termes de centres de formation, le privé en compte environ 1.365, soit plus du double par rapport au public. Néanmoins, seul le tiers (455) des établissements, couvrant la moitié des stagiaires du privé, est accrédité. «L’accréditation est un acte volontaire des établissements. La loi 13-00 régissant le secteur n’impose aucune obligation dans ce sens», explique Abdeslam Benahra, président de la Fédération marocaine de l’enseignement professionnel privé (FMEP). «Par ailleurs, de nombreux établissements proposent des programmes de qualité, mais qui ne correspondent pas aux normes établies par les commissions nationales des différents secteurs de formation», avance-t-il. Dans son rapport, le Conseil supérieur de l’éducation se veut plus alarmiste. «Cela suscite des questions quant à la qualité de la formation du privé, et quant à la valeur des diplômes qu’il délivre», souligne le Conseil. Et d’ajouter: «L’intégration du secteur privé comme acteur actif dans la solvabilité de la demande économique et sociale de la formation professionnelle n’est pas réelle. Elle nécessite une véritable relance».


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