Dans une circulaire joliment appelés Hybrider la formation dans un contexte contraint publiée le 11 juin, le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation constate que « la situation sanitaire pourrait rendre impossible une reprise de l’année dans les conditions habituelles ». Et d’insister : « La réflexion à mener dès maintenant dans les équipes pédagogiques doit apporter une réponse à la question suivante: quelle est la part du présentiel absolument nécessaire et la part du distanciel possible ? » Et, rassurant, le ministère établit également que « le protocole sanitaire emportera ainsi un «mode différent et inédit» d’activité qui ne deviendra évidemment pas la norme dans les années à venir – même si cela peut conduire à faire évoluer certaines pratiques pédagogiques ».

Ceux qui disent non au distanciel ! Les tribunes pro déconfinement et anti-enseignement à distance se succèdent et se ressemblent sur le site du Monde. Au nom de la commission permanente du Conseil national des universités, sa présidente, Sylvie Bauer, demande à la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche le retour du présentiel à la rentrée de septembre. Dans sa tribune au « Monde », elle insiste : « L’université est d’abord un collectif qui s’incarne dans un lieu, physique. L’étudiant y fait ses premiers vrais choix de formation. L’université tisse les liens entre les étudiants d’aujourd’hui, les professionnels et amis de demain. Rien de tout cela ne surgira d’un auditoire « confiné » totalement ou partiellement ». Et d’appuyer : « Le distanciel, ce n’est ni le collectif ni l’individuel… C’est la solitude de l’étudiant et de l’enseignant. » Même point de vue dans une autre tribune signée par plus de 700 universitaires qui « refusent de ne permettre la fréquentation du cours magistral qu’une semaine par mois » et proposent de « mettre en place des groupes supplémentaires afin que chacun puisse accéder aux cours. Cela signifie bien sûr des moyens supplémentaires immédiats pour l’enseignement supérieur et la recherche ».

Éviter le décrochage. Cette opposition repose notamment sur le constat que beaucoup d’étudiants ont décroché ces derniers mois. Notamment dans les premiers cycles. « Le “distanciel” ne peut venir qu’en complément du face-à-face, Ce n’est pas une solution pédagogique qui peut devenir la norme, elle est très peu adaptée aux jeunes en licence, à plus forte raison pour ceux qui vont arriver à l’université pour la première fois cette année », estime Rachid El Guerjouma, le président de l’université du Mans. Dans la tribune signée par 700 universitaires on lit « Outre, les difficultés économiques engendrées par la nécessité d’avoir un équipement numérique et un accès efficace au réseau, terribles seraient les conséquences pour des étudiants largement laissés à eux-mêmes devant un écran intermittent ou un téléphone peu lisible, coupés d’une sociabilité qui permet de donner de l’énergie de travail, grâce à un environnement psychique et intellectuel favorable ».

Oui mais à l’hybridation ! Selon une étude Enseignants – chercheurs : quelle expérience durant le confinement ? Quelles projections pour l’avenir ? menée par la Fnege (Fondation nationale pour l’enseignement de la gestion des entreprises) et Le Sphinx 60% des enseignants en gestion interrogés estiment que a crise du Covid-19 a permis de « ré-apprécier l’enseignement à distance ». 78% ont progressé dans la maîtrise des outils et en premier lieu Zoom (69,3% l’apprécient) devant Teams (46,2%) et Moodle (46%). « Ce télétravail que beaucoup croyaient jusqu’ici impossible à mettre en œuvre dans nos métiers s’est du coup imposé de lui-même dans l’éducation. De manière dédramatisée. Aujourd’hui les retours des étudiants sont très positifs. Ils se sont sentis très engagés aux côtés de professeurs qui se sont vite adaptés », souligne le directeur d’EDHEC Online, Benoît Arnaud, qui n’entend pas non plus généraliser l’enseignement à distance : « L’objectif est que les cours en ligne représentent 10% du chiffre d’affaires de l’Edhec d’ici cinq ans. Nous ne voulons pas faire de la masse. Les cursus en ligne que nous proposons coûtent très cher à développer. Ce n’est pas du théâtre filmé. Il y a un important travail de production avec les ingénieurs pédagogiques, un temps d’accompagnement par du coaching individuel et de groupe, un coaching carrière. Ce ne sont pas des MOOC de masse ».

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Repéré depuis https://blog.headway-advisory.com/distanciel-presentiel-le-choc-des-deux-mondes/

 

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