Depuis le 30 octobre 2020, dans le contexte de cette deuxième période de confinement, les étudiants français sont contraints de suivre un enseignement à distance. Cette situation donne lieu à des réactions contrastées, associant éloge de la capacité d’adaptation des universités et critique du maintien de ce mode d’enseignement. Les médias se font l’écho de souffrances chez les étudiants.

Suite à l’annonce de l’exécutif d’une reprise des cours en présentiel en février, la Conférence des Présidents d’Université a fait part de son incompréhension face à cette décision et a lancé un appel pour mettre un terme à ce distanciel contraint le plus tôt possible, insistant également sur les difficultés rencontrées par les étudiants, et particulièrement ceux inscrits en première année de licence.

En tant qu’enseignants, nous avons constaté que différents étudiants de master ayant perdu leur « job » se déclaraient en difficulté pour poursuivre leur formation, d’autres nous ont raconté être retournés vivre chez leurs parents. D’autres encore signalaient souffrir d’isolement mais une minorité, souvent en reconversion, en alternance, plus âgée, et/ou loin du lieu de formation, y voyait certains avantages.

Le défi de la concentration

Associant les sciences de l’éducation et de la formation et les sciences de l’information et de la communication, cette recherche vise à comprendre comment les étudiants vivent cette période et essayent de maintenir leur activité pour répondre aux attentes de leur formation universitaire.

Dans ce cadre, nous avons diffusé, le 3 décembre, un questionnaire comprenant 90 questions, distinguant quatre axes d’analyse relatifs à leur situation individuelle, leur suivi des cours pendant cette période, l’organisation de leur travail personnel et enfin leur point de vue sur cet enseignement à distance contraint.

74,6 % des étudiants interrogés suivent la totalité de leurs enseignements à distance. Pour 95,2 % d’entre eux, les cours se font sous forme de visioconférences, à suivre en direct de manière synchrone. Ils sont 75,3 % à se dire assidus.

La majorité d’entre eux (66.7 %) considèrent que les outils et services numériques fournis par l’université sont satisfaisants. Néanmoins, 41,4 % disent ne pouvoir rester concentrés plus d’1h, ou 2h pour 28,1 %, alors que, pour 52,6 % des étudiants, la fréquence des cours est de plus de 8 cours par semaine, ce décalage pesant sur les apprentissages.

Sensation d’isolement

D’un point de vue matériel, 51,1 % des étudiants considèrent leurs conditions acceptables pour suivre les enseignements à distance mais 9 % se déclarent dans une situation précaire. Les difficultés rencontrées pendant cette période concernent majoritairement l’organisation de leur travail personnel, la compréhension des contenus des cours et le manque d’interactions avec les autres étudiants (50,2 %).

Difficultés d’organisation

Le contexte de l’enseignement à distance en cette période semble également avoir un impact sur le ressenti des étudiants quant à leur diplôme ou à la poursuite de leurs études. 71 % se trouvent moins efficaces en contexte d’enseignement à distance par rapport au présentiel.

Ainsi, 57,5 % des étudiants interrogés pensent que le contexte de crise sanitaire et ses contraintes perturbent leur capacité à poursuivre leurs études. Enfin, notons que pour 46,1 % des répondants ont le sentiment que leur diplôme sera de moins valeur cette année.

Cette recherche se poursuit et le questionnaire est toujours accessible à toutes les étudiantes et tous les étudiants désireux de partager leur point de vue sur cette situation.

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Repéré depuis https://theconversation.com/cours-a-distance-quen-pensent-vraiment-les-etudiants-152265

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