Voilà des années que le constat est posé : la France est à la traîne en matière de formation et d’enseignement en général. Au niveau européen comme au niveau mondial, notre pays n’a plus valeur d’exemple. Les rapports, les avis et autres réformes se succèdent sans vraiment changer la donne. Quand vous faites moins bien que les autres, il faut simplement se demander pourquoi et regarder comment font ceux qui réussissent mieux.
Les raisons qui relèguent notre pays derrière bon nombre de ses voisins sont certes multiples. Mais l’une d’entre elles au moins peut être facilement résolue : le manque d’enseignants. Plus précisément, le manque de temps et de moyens pour recruter des enseignants. Les professeurs en effet ne manquent pas mais ceux qui doivent les engager au sein notamment des écoles spécialisées et des centres de formation n’ont tout simplement pas le temps de s’en occuper.
La personne chargée de recruter les enseignants est généralement le ou la responsable de l’établissement, souvent submergé de travail. Entre le suivi des apprenants et la gestion administrative, il est souvent contraint de repousser les entretiens, les embauches et de facto, se retrouve parfois avec des postes vacants.
Autre paramètre important, une école ou un centre de formation vit au gré des inscriptions et des appels d’offres. Le nombre d’élèves varie donc d’année en année. Dans un tel contexte, embaucher des enseignants est un risque. Sans compter que les enseignements évoluent, les apprenants aussi. Le profil idéal du formateur d’il y a dix ans n’est pas celui d’aujourd’hui. Les centres ont donc tout intérêt, soit à faire évoluer voire à former leur corps enseignant interne (un investissement lourd et complexe à gérer), soit à recruter de nouveaux talents (or le recrutement, comme nous venons de le voir, est difficile à mener car chronophage).
Si toutes les filières professionnelles sont concernées, certaines sont plus touchées que d’autres. Nombre de Centre de Formation d’Apprentis (CFA) ont des besoins urgents aujourd’hui sur les secteurs de la plomberie, de l’électricité ou de la fibre optique. Par ailleurs, le FLE (Français Langue Étrangère) et les matières des nombreux dispositifs d’insertion dans toute la France ont également de fortes attentes trop souvent sans solution. A l’autre bout de la chaîne, les enseignements des grandes écoles, notamment en matière de préparation aux concours, sont aussi sous tension. Reste enfin, les besoins propres aux grandes entreprises qui sont sans cesse en quête d’animateurs et d’enseignants pour toutes leurs formations dont la diversité et la spécialisation ne facilitent guère le recrutement.
Cette année, on estime à 12 500 le nombre d’enseignants et de formateurs qui manqueront dans les écoles, les centres de formation et les CFA mais aussi dans les établissements d’enseignement supérieur. Il est urgent de trouver des solutions à cette inadéquation entre la demande des établissements d’enseignement et l’offre de professeurs et de formateurs qualifiés, pourtant nombreux sur le marché du travail. Aujourd’hui, le numérique notamment peut permettre de considérablement simplifier et fluidifier ce marché pour le plus grand bénéficie des chefs d’établissement dont la mission première doit rester la formation des apprenants.