La « logique compétence » mal comprise et mal déployée a eu tendance à ne pas prendre en compte cette spécificité et à penser la compétence comme un simple objet sans vie. On a parlé de « capital compétences », comme si une personne détenait une compétence une bonne fois pour toute, comme si la compétence était un attribut attaché à la personne, pour toute sa vie professionnelle. Or, il n’en est rien.
Gérer les ressources humaines selon une logique de compétences jetables : une hérésie qui a la vie dure !
Dans la doxa RH-Formation, la compétence est pensée comme un attribut de la personne. Cette personne est compétente ou ne l’est pas ! Cela signifie qu’elle sait faire ou ne sait pas faire telle ou telle tâche.
Les référentiels de compétences des entreprises aussi bien que ceux des référentiels de certification (RNCP ou RS), sont ainsi devenus au fil du temps des listes à la Prévert de compétences où chacun doit cocher le plus de cases possibles pour faire preuve de son professionnalisme.
Cette vision étriquée de la compétence conduit à confondre la tâche à réaliser ici et maintenant avec la compétence elle-même, c’est-à-dire la capacité à mobiliser des ressources internes (savoir, savoir-faire, savoir-être) et externes (réseaux d’acteurs, bases de connaissances, outils intelligents déportés – dont l’IAaujourd’hui), pour réussir à traiter le champ le plus large possible de situations professionnelles, que l’on peut rencontrer en tant que professionnel du métier. Autrement dit, on réduit la compétence, qui par définition permet d’être autonome face à une diversité de situations, au fait de savoir réaliser l’activité attendue dans un contexte donné, lui-même toujours plus précis et plus étroit.
Quand la compétence est réduite à une tâche précise, très contextualisée, elle devient une « compétence jetable ». Dès que le contexte de sa mise en œuvre change, elle n’est plus pertinente. Et celui qui la détient risque de devenir incompétent à la moindre évolution technologique ou organisationnelle. Si demain, la mise en place des containers différenciés se fait grâce à un outil digital, le référentiel de compétences changera, et le cuisinier deviendra incompétent et il faudra à nouveau le former !