En septembre prochain, il manquera 12 500 enseignants et intervenants formateurs pour assurer la rentrée de la formation professionnelle. La faute en incombe à une lourdeur administrative au sein des organismes et des écoles, qui pénalise les recrutements et l’efficacité des dispositifs. Comment la transformation digitale en cours dans ce secteur peut-elle aider à résoudre ce problème ?
Une hausse inédite des projets de recrutement
A l’heure où le gouvernement lance un Projet de Loi destiné à repenser la Formation Professionnelle, force est de constater que jamais cette thématique n’a été aussi stratégique. Les besoins sont nombreux ! En Avril dernier, Pôle Emploi a publié son enquête « Besoins en Main-d’œuvre des entreprises ». Celle-ci nous apprend qu’en 2018, après une hausse de 8.2% en 2017, plus de 2.35 millions de recrutements sont planifiés. Une entreprise sur 4 prévoit d’embaucher dans les 12 mois. Cependant, près de la moitié de ces offres d’emplois peine à être pourvue du fait d’une pénurie de candidats qualifiés et d’une inadéquation des profils existants.
La formation : essentielle pour faire face aux enjeux de recrutement actuels
En 2016, 890 000 personnes en recherche d’emploi – inscrites à Pôle Emploi – se sont formées contre 520 000 en 2015. Par ailleurs – selon des chiffres publiés par le gouvernement – 50 % des emplois seront transformés dans les 10 ans qui viennent, 10 à 20% seront créés, et autant disparaîtront probablement. Les salariés devront donc – aux-aussi – se former tout au long de leur vie professionnelle, afin de s’adapter aux évolutions technologiques et aux besoins des entreprises. C’est dire à quel point ce secteur de la formation est stratégique, à court, moyen et long terme. Pourtant, au vu de difficultés actuelles, il semble qu’il peine à répondre aux enjeux actuels.
Une lourdeur administrative qui pénalise l’efficacité
En septembre prochain, il manquera au bas mot 12 500 enseignants et intervenants formateurs pour assurer la rentrée de la formation professionnelle. Le problème semble lié au modèle économique de l’écosystème français de la formation. En effet, le flux de stagiaires au sein d’un centre est aléatoire. Il varie au gré des lots emportés lors des appels d’offres et des inscriptions. Ces dernières dépendant elles-mêmes des différents organismes clients et de la demande. Cette incertitude explique en partie l’instabilité financière et le peu de latitude des départements RH des acteurs de la formation pour lancer des vagues de recrutement en temps et en heure. L’autre élément réside dans la gestion complexe des congés et des arrêts maladie des intervenants. Voilà pourquoi une salle de cours se vide à un instant T de ses intervenants, compromettant le bon déroulement d’un cursus qualifiant et mettant en péril les besoins en recrutement des entreprises.
Pour une offre agile au service de l’écosystème français de la formation
Depuis quelques années, des start-up ont révolutionné de nombreux secteurs économiques, tels que les transports, les voyages ou l’hôtellerie, apportant réactivité, agilité et efficacité. Et si la Formation Professionnelle bénéficiait à son tour de cette transformation ? Au-delà des cabinets de recrutement et des agences d’intérim habituels, comment le digital et les nouveaux acteurs agiles peuvent-ils apporter plus de flexibilité au paysage de la formation professionnelle ? Ils permettraient ainsi d’apporter un début de réponse à cette pénurie de formateurs et d’enseignants. Quelques pistes se dessinent. Tout comme Uber a permis d’apporter une réponse à la frustration des consommateurs en les connectant facilement avec un chauffeur à un prix accessible, pourquoi ne pas utiliser le digital pour mettre en relation les formateurs qualifiés à la recherche de missions et les organismes de formation, submergés par les lourdeurs administratives ?
Le digital pour plus de flexibilité et de réactivité
Les nouveaux outils permettent désormais un meilleur accès aux compétences ad hoc, par exemple, au travers d’une mise en relation avec les talents recherchés via un système de plateforme et de choix multicritères. Les organismes de formation étant soucieux de se concentrer sur le contenu de leurs formations et sur la recherche de nouveaux clients, la gestion des ressources humaines est un autre aspect qui reste lourd à gérer pour eux. Là aussi, à l’instar des AirBnB ou des Booking, la gestion de A à Z du « prestataire formateur» peut-être prise en charge. Pour une valeur ajoutée maximale, la prestation peut même aller jusqu’à un accompagnement sur le contenu pédagogique. Cela permettrait en outre de mieux faire correspondre les filières aux besoins des entreprises.
L’heure est grave car ce problème de pénurie touche également les enseignants du public. Depuis quelques années, l’Education Nationale peine à pourvoir les postes offerts au CAPES. C’est donc également de l’avenir de nos enfants dont il est question à court et à moyen terme. Plus d’agilité permettra de soulager les professionnels de la formation, publics ou privés, en leur permettant d’aborder la rentrée sereinement et de mieux répondre aux défis qui leur sont posés