Jusqu’à la récente réforme et surtout jusqu’à la crise sanitaire, les acteurs de la formation se portaient plutôt bien. Les difficultés économiques de certains Organismes de Formation étaient plutôt dues à la concurrence qu’au modèle économique. Le stage se portait bien. Le tsunami digital qui s’est emparé du secteur cette année oblige à réformer toutes les organisations pour retrouver un peu de marge. Focus sur 3 modèles.
L’ex poule aux œufs d’or : le stage présentiel
Ah le stage, quelle belle aventure pédagogique et financière ! Que des avantages : un expert-formateur dédié à un petit groupe de stagiaires, un déroulement à huis clos qui favorise le calme et la concentration, mais surtout peu de charges et de gros profits dès que le point mort (généralement 4 participants par session) est dépassé. A 600-800 € la journée de formation par stagiaire, les grands organismes généralistes ont connu une croissance et une rentabilité record pendant de nombreuses années. Sauf que malheureusement, le nombre de participants par session n’a cessé de baisser, le co-financement s’est tari, et pour couronner le tout, le Covid a vidé les salles. Les organismes de formations traditionnels recherchent donc en urgence de nouvelles offres, mais surtout de nouveaux modèles économiques.
Le miroir aux alouettes : le Freemium
Devant le succès des MOOCs (en nombre d’inscrits), beaucoup d’acteurs ont tenté d’ajouter au modèle gratuit des options payantes, dans l’espoir de gros bénéfices par de petits montants, mais de très gros volumes. La première approche a été de rendre gratuit l’accès aux cours, et de vendre le certificat de réussite entre 50 € et 100 €. C’est encore le modèle de Couersera. L’alternative OpenClassroom est intéressante, puisqu’elle propose également des accès gratuits aux cours, et un abonnement mensuel donnant accès aux certifications et à un accompagnement par un mentor. Certains parcours sont même diplômants.
Sur le papier tout semble parfait. Dans la réalité, concevoir, produire et animer un cours efficace et engageant demande de lourds investissements qui sont difficilement rentabilisés si le volume de vente reste faible.
Seul Unow joue cartes sur table et propose presque uniquement des formations payantes (mais de grande qualité), certifiantes et tutorées. Cela semble être la formule gagnante pour l’organisme comme pour le formé.
La rente : le catalogue de contenus
La grande idée des éditeurs de contenus de formation est de transformer un service en produit. Le rêve de tout entrepreneur : n’avoir qu’à produire et livrer.
L’affaire n’est toutefois pas si facile à emporter, car pour convaincre un client qu’il peut se former tout seul, le produit proposé doit être de très haut de gamme. Pour arriver à un haut niveau de qualité et d’efficacité pédagogique, les investissements sont lourds. Il s’agit donc de trouver le juste équilibre entre le coût de chaque contenu et le volume et le prix de vente prévisionnel.
Le pari est certes risqué (car la concurrence est rude), mais les gains peuvent être importants dès les premiers investissements amortis. Attention toutefois de ne pas négliger les coûts d’actualisation des contenus pour ne pas se retrouver trop vite avec un catalogue de contenus obsolètes ou démodés.
« Attention, le vent tourne ! » — Jean-Pierre Gaillard