Les bonnes nouvelles et les annonces optimistes sont nombreuses depuis quelques mois dans le paysage de la formation : l’application CPF cartonne, les startups attirent les investisseurs, les rachats se multiplient, les offres se bonifient. L’avenir de la formation sera-t-il radieux ?
La formation tout feu tout flamme
L’année 2019 a vu de belles levées de fonds pour les startups de la formation :
- TalentSoft : 45 M€
- 360 Learning : 36 M€
- EduServices : 25 M€
- My-Serious-Game : 3 M€
- Wooclap : 1,4 M€
- …
et l’année 2020 semble bien partie pour battre tous les records.
Les regroupements sont tout aussi encourageants :
- Cornerstone fait l’acquisition de Clustree pour 18,5 M$ et s’offre également Saba pour (tenez-vous bien) 1,4 Md $
- CSP fait l’acquisition de docendi
- …
Du côté des salons, c’est également l’optimisme, la deuxième édition de Learning Technologies France (qui a fait l’acquisition de iLearning Forum) se réjouit du nombre croissant d’exposants et de visiteurs.
Les éditeurs sont eux aussi confiants dans l’avenir et multiplient les annonces de nouveaux produits :
- EdTake une plateforme de mise en relation des projets et des fournisseurs lancée par EduFactory et EdFlex (anciennement My Mooc)
- EdMill une plateforme de conception et de diffusion de Digital Learning lancée par My-Serious-Game
- Smart On Page, le complément Adaptive-Learning de Teach-up l’outil de création de contenu de Very Up.
- Capsule, l’éditeur de contenus Digital Learning de Syfadis
Toutes ces annonces devraient redonner le sourire à ceux qui l’avaient perdu face aux années difficiles que le marché de la formation a traversé lors des réformes successives.
La formation face à ses difficultés
Après un succès plus que mitigé du DIF qui n’a fait que remplir les caisses sans savoir les employer, le CPF est lui aussi confronté à la même inquiétante désaffection de ceux à qui il est destiné.
1 million : le nombre de téléchargements de l’application CPF pourrait ressembler à une réussite, mais la réalité est tout autre, et de nombreuses inquiétudes subsistent :
- quels organismes seront finalement gagnants ?
- les utilisateurs s’y retrouveront-ils parmi toutes les offres ?
- le référencement des formations sera-t-il simplifié ?
- les auteurs de l’application vont-ils découvrir le sens de UX ?
Du côté des entreprises, malgré les trésors d’inventivité et les efforts consacrés à la production de contenus, aux belles plateformes mises à disposition des collaborateurs, à un marketing de la formation qui monte en puissance et à une injonction forte à maintenir et développer ses compétences, l’atteinte de scores satisfaisants de consultation, d’engagement et de réussite est toujours aussi problématique.
De quoi s’interroger sur les raisons plus profondes du manque d’intérêt pour les formations corporates :
- l’inadéquation entre l’offre et le demande ?
- le manque d’attractivité des contenus proposés ?
- la saturation des agendas ?
- la non-valorisation et la faible reconnaissance des efforts de formation ?
Le verre à moitié plein ou à moitié vide ?
Alors ce CPF, est-il bien ou mal engagé ? Il semble difficile aujourd’hui de dire si les difficultés de démarrage finiront par laisser place à un vrai et souhaitable succès.
Au-delà du CPF, si l’on regarde du côté des annonces et des sourires affichés par les principaux acteurs de la formation, celle-ci se porte bien. Mais du côté des chiffres, le bilan est plus contrasté. « Les premiers résultats sont encourageants » disait un certain Lionel en 2002…
Le risque d’une contraction du marché n’est pas à exclure par manque d’adaptation aux nouvelles contraintes de financement, et par des changements trop lents de la part des grands opérateurs. Cependant, la place ne restera pas longtemps vide tant le marché de la formation attise les convoitises de la part des GAFAM qui semblent bien décidés à faire de la formation leur nouveau terrain de jeu.
De là à dire que « quand tout va mal tout va bien, quand tout va bien tout va mal » il n’y a qu’un pas.
« La formation, ça va cartonner ! » — Michel Berthier