Deux ans près sa création, la plate-forme de cours en ligne FUN (Franceuniversité numérique) fait peau neuve et affiche de nouvelles ambitions.
Cette initiative lancée en octobre 2013 par le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche compte en effet plus de 1,4 million d’inscrits depuis sa création, et 520 000 apprenants, issus de 120 pays. Elle est alimentée par 62 structures d’enseignement supérieur – universités, écoles comme Sciences Po, l’Essec ou Mines Telecom… – qui proposent 155 cours en ligne ouverts et massifs (« Massive online open courses » ou MOOC), dont 53 ont été proposés à la rentrée de septembre. « La France a rattrapé son retard et s’est replacée dans les standards européens », s’est réjoui le secrétaire d’Etat à l’enseignement supérieur, Thierry Mandon, lors d’une conférence de presse mercredi 2 décembre, en pointant le nombre de cours proposés par ses homologues allemands (70) ou anglais (196).
De grandes plates-formes internationales privées, qui ont signé des accords avec des institutions de toute la planète, affichent cependant une plus grande masse critique : EdX offre 650 #MOOC (dont 21 en français). De son côté,Coursera propose 1 493 MOOC du monde entier, et, pour la France, affiche des partenariats avec les grandes écoles : HEC, Centrale Supélec, ESCP Europe, ENS, Polytechnique, Mines-Télécom, Essec, Sciences Po et EM Lyon
Déclinaisons à l’international
Mais FUN reste notamment prisée de la communauté francophone : 17 % des inscrits sont africains. Le Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), notamment, y décline ses cours avec des intervenants en Côte d’Ivoire, au Maroc, en Tunisie mais aussi au Liban où ses cursus, adaptés au contexte local, sont suivis par plusieurs milliers d’auditeurs. Son ambition est de lancer bientôt des sessions privées en ligne (« Small private online courses », SPOC) avec quatre universités marocaines, une formation courte intitulée « Désir d’entreprendre », destinée à plus de 2 000 doctorants et disponible aussi en arabe classique.Des expériences pilotes y sont déjà menées : le CNAM délivre déjà pour certains de ses cours des crédits ECTS (des modules qui permettent de validerdes diplômes). Mais cette certification ne remplacera pas, à l’université, l’enseignement en groupe. Refusant l’« ubérisation » du supérieur – un enseignement low cost consistant à délivrer des diplômes en ligne sans accompagnement –, Thierry Mandon a défendu un usage pédagogique innovant du #numérique : des cours hybrides (une partie en ligne, une partie devant un professeur) ou encore des « classes inversées » (apprentissage préalable en ligne, puis travaux dirigés pour le mettre en pratique). Les pédagogies devront donc être adaptées : « La transformation numérique de l’enseignement supérieur est vitale », a expliqué Thierry Mandon. Le secrétaire d’Etat a aussi annoncé le recrutement dans ses services d’un directeur d’un nouveau genre : un « Chief technology officer », « transformeur » chargé de mettre en musique cette mutation.