Loin de l’idéal émancipateur des débuts, la formation professionnelle renforce les inégalités devant l’emploi au détriment des moins qualifiés. Censé remédier à cet état de fait, le nouveau dispositif élaboré par le gouvernement va, au contraire, aggraver cette dérive. Il fait reposer davantage son financement sur les salariés et ouvre un peu plus le secteur au marché.

près Mai 68, Jacques Chaban-Delmas, premier ministre de Georges Pompidou, cherche à mettre en place des contre-feux à d’éventuels nouveaux mouvements sociaux. C’est le sens de la « nouvelle société » qu’il appelle de ses vœux, et du vote, en 1971, de la loi portant organisation de la formation professionnelle continue dans le cadre de l’éducation permanente. Cette loi fondatrice est promue par le conseiller pour les affaires sociales et culturelles de Matignon, M. Jacques Delors — qui deviendra ministre de François Mitterrand dix ans plus tard, puis président de la Commission européenne. Elle s’inscrit dans la continuité du préambule de la Constitution de 1946 : « La Nation garantit l’égal accès de l’enfant et de l’adulte à l’instruction, à la formation professionnelle et à la culture. »

Le patronat est amené, malgré de vives résistances, à accepter la mise en place d’une obligation de financement de la formation, ainsi qu’un droit des salariés à un congé individuel de formation (CIF) de longue durée et rémunéré. Les salariés accueillent le dispositif « comme les congés payés en 1936   ». Depuis, les instances patronales n’ont cessé de revenir sur ces progrès, et nombre de lois ont eu pour objectif de transférer une partie du coût sur les salariés.


Repéré depuis https://www.monde-diplomatique.fr/2019/02/GELOT/59540

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