L’AFEST interroge les organismes de formation aujourd’hui au moins autant que le Digital Learning les interrogeait il y a trois à cinq ans. Faut-il ou ne faut-il pas y aller ? L’AFEST permettra-t-elle de développer de nouveaux marchés ou au contraire va-t-elle mettre en danger notre position concurrentielle ? Bref, l’AFEST nouvel eldorado ou innovation pédagogique de tous les dangers ?
Le marché de la formation « prise en charge »
La loi Avenir Professionnel n’a pas supprimé le principe des co-financements. Les entreprises de 10 salariés et plus versent toujours 1,68% de leur masse salariale et peuvent bénéficier en retour de co-financements.
L’AFEST n’est pas un dispositif, mais une simple modalité. Ce qui signifie que pour avoir une prise en charge de la part d’un OPCO, de Pôle Emploi ou d’une Région, il faudra inscrire l’AFEST dans le cadre de dispositifs de formation existants.
Le marché de la formation « obligation sociale »
Les réformes de 2014 et 2018 ont conduit à transformer une obligation fiscale en une obligation sociale de formation. Les entreprises de plus de 50 salariés ne peuvent plus (ou presque) bénéficier de co-financements pour leurs salariés en poste, mais sont contraintes de réaliser au moins une formation non obligatoire tous les 6 ans sous peine de devoir payer une pénalité de 3.000 euros par salarié.
L’AFEST est indirectement un moyen de répondre à cette exigence. En organisant des formations non obligatoires en AFEST, l’entreprise peut répondre plus facilement à son exigence sociale qu’à travers une formation présentielle, et souvent plus efficacement qu’une formation à distance.
Le marché « libre » de la formation
Les entreprises ont besoin de développer plus que jamais leurs compétences. Pour les plus éclairées d’entre elles, la formation ne représente ni une contrainte légale, ni des opportunités financières, mais tout simplement un moyen d’améliorer substantiellement leurs performances.
Que peut apporter l’AFEST sur ce marché libre et volontaire de la formation ? Nous sommes convaincus que l’AFEST est une innovation pédagogique remarquable. Ce n’est pas une simple formation sur le tas, ni même un tutorat classique, mais c’est une manière de se former inspirée de courants de recherches en psychologie du travail et ergonomie (didactique professionnelle, clinique de l’activité, analyse de pratique professionnelle, etc.) représentant des avancées notables en matière d’ingénierie des compétences (au moins aussi déterminantes, soit dit en passant, que les résultats des recherches en neurosciences !).
Au-delà des opportunités de co-financement et de capacités à répondre de façon flexible aux nouvelles exigences sociales en matière de formation, l’AFEST représente un moyen d’accroître significativement l’efficacité pédagogique des formations. Ne serait-ce que pour ce dernier point, tous les organismes de formation devraient s’intéresser à l’action de formation en situation de travail.