La question de l’erreur, c’est qu’en fait, la plupart du temps, quand on fait un exposé, on impose le « tuyau » de sa pensée à l’autrui sans se préoccuper de son propre mode de pensée, ni à partir de quels « outils de pensée » il aborde le sujet dont on parle. Plus précisément, un prof de français utilise une logique : il pense et articule les concepts et les notions à partir de cette logique, en particulier quand il parle de poésie. C’est une façon absolument différente des mathématiques. Un élève passe du français aux mathématiques et personne ne se préoccupe de la mutation qu’on lui demande de faire. S’il veut s’en sortir, il ne pense pas : il se met dans le tuyau de pensée proposé. C’est un renversement de point de vue qui serait nécessaire afin de se positionner en termes de compréhension des processus de pensée conduisant à l’erreur.

Mais pourquoi ce travail autour des modes de pensée n’est-il pas souvent fait ? 

Il n’est pas fait parce que les enseignants n’ont pas de formation à ça. Ils ont une formation à l’efficacité d’une transmission verticale. On n’aide pas du tout un enfant à penser. Aider à penser, c’est aider à trouver la bonne clé de compréhension, parfois même à fabriquer la clé d’intelligibilité pour une situation particulière.

C’est l’effet négatif de l’idéologie de la compétence, qui repose sur le fait de fournir des outils aux gens : j’arrive avec ma boîte à outils, je viens chez toi et je te dis : « T’as tous les outils dans la boîte, débrouille-toi. » Ce qui fait l’intelligence, ce n’est pas d’avoir un tas d’outils dans son « portefeuilles de compétence », c’est de trouver le bon outil à un moment très précis.

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