Intelligence artificielle, Blockchain, services 100 % mobiles… : jamais les banques n’ont autant parlé de relation client et nouvelles offres commerciales qu’en ce début d’année. Il est vrai que l’entrée en vigueur de la loi Macron sur la mobilité bancaire et le lancement prochain d’un acteur, Orange Bank, aux reins assez solides pour provoquer une guerre des prix, pourraient faire de 2017 une année charnière sur le marché français des services financiers aux particuliers. Encore faut-il que l’intendance suive et que le corps social soit en mesure d’accompagner, sans les subir, ces profonds bouleversements.
Jusqu’à présent, les banques françaises ont pu mener à bien leurs restructurations dans une relative quiétude. Dans les activités de marché, les plans de départ décidés depuis dix ans ont touché en priorité des populations jeunes et hautement diplômées, accoutumées de par leurs métiers à ces à-coups. Dans les réseaux domestiques, où les réorganisations ont d’abord affecté les fonctions administratives et les usines de production, le contrat social de la branche a permis d’apaiser toutes les tensions. Avec la bénédiction des syndicats, les employeurs ont joué d’une pyramide des âges très favorable. Ils ont multiplié les départs en préretraite à des conditions financières intéressantes, s’évitant le sceau infamant des licenciements secs auprès de l’opinion publique. BPCE, qui vient d’annoncer des milliers de suppressions de postes d’ici à 2020 par le simple jeu du non-remplacement d’un gros tiers des départs attendus dans ses activités de détail, s’inscrit dans cette droite ligne.
Ce temps, pourtant, touche à sa fin. La révolution technologique en cours promet des gains de productivité massifs dans toutes les fonctions. Des pans entiers de la chaîne de valeur se déplacent vers d’autres acteurs, lorsqu’ils ne sont pas condamnés à disparaître à brève échéance. Bien malin celui qui peut aujourd’hui en évaluer précisément les effets sur l’emploi, mais les éventuelles suppressions de postes se compteront probablement en dizaines de milliers. Face à ce constat anxiogène, qui menace leur attractivité vis-à-vis des jeunes diplômés, les banques ont à mener auprès de leurs personnels un double travail de pédagogie et de formation. C’est aujourd’hui que se joue la capacité d’un des plus gros employeurs de France à anticiper la rupture numérique. Il lui faut engager sans tarder un effort massif de montée en compétences, allant bien au-delà des modules « digitaux » existants (lire le dossier). Pour un secteur qui consacre déjà plus de 4 % de sa masse salariale à la #formation, le défi est énorme. Mais les partenaires sociaux, et c’est une bonne nouvelle, semblent prêts à accompagner le mouvement.