Cela étonne toujours beaucoup les formateurs lorsque je leur dis que demain, ils seront tous des « architectes pédagogiques ». Pourtant cette idée n’est pas nouvelle : de Montessori à Freinet, en passant par Decroly, les pédagogues modernes du début du XXème siècle nous ont prouvé l’importance du cadre sur la motivation des élèves et l’efficacité des apprentissages. Ecoutons par exemple la manière dont Maria Montessori décrivait les maisons des enfants «les maisons des enfants étaient des cadres de vie spécialement aménagés pour répondre aux besoins des enfants et qu’ils pouvaient transformer et améliorer en exerçant leur sens des responsabilités. Dans ces maisons, tout était adapté aux enfants, à leurs attitudes et perspectives propres : non seulement les placards, les tables et les chaises, mais aussi les couleurs, les sons et l’architecture. On attendait d’eux qu’ils vivent et se meuvent dans cet environnement en êtres responsables et qu’ils participent au travail créateur comme aux tâches de fonctionnement, de façon à gravir une « échelle » symbolique conduisant à l’accomplissement ».

Disposer d’un espace clair, aéré, rangé, meublé avec du mobilier adapté, est un signe de l’importance que l’on accorde à la personne en #formation. Nous ne pouvons qu’être frappés de l’indigence de certains locaux proposés aux adultes en formation, notamment aux demandeurs d’emplois en réinsertion professionnelle, meublés avec peu de soin, sans un minimum de réflexion en terme d’ergonomie, sans souci de réapprovisionnement et de mises à jour des ressources disponibles. Rien de plus désespérant que de vieilles affiches obsolètes sur un tableau d’affichage branlant qui vous renvoie à votre situation d’exclus !

Pour concevoir des espaces de formation adaptés à l’#apprentissage, il n’est qu’à voir la manière dont nous même apprenons ou travaillons en dehors des cadres formels : qui d’entre nous apprend de manière statique, assis de longues heures sur sa chaise, devant un livre ou un ordinateur ? On se lève, on marche, on prend un café, on sort le chien, on revient à sa tâche, on téléphone à un ami, on butine sur internet, on procrastine (souvent), on expérimente, on croque dans une pomme, on s’étire, on fait un peu de gymnastique, on a des éclairs de génie (parfois), on dort et on continue d’apprendre en dormant. Tout le contraire de ce qu’on nous propose dans un cadre formel ou tout cela est proscrit : se lever, manger, discuter avec son voisin, téléphoner, aller sur internet (un comble !). Où sont donc les nécessaires et fructueuses déambulations d’un Rousseau, d’un Socrate, d’un Platon ?

Enfin, le #formateur est aussi le garant de la collectivité, du vivre ensemble, du respect des règles de convivialité qui sont à la fois une condition d’un apprentissage serein et une compétence sociale à développer, notamment pour les plus jeunes. Son propre comportement, le ton de sa voix, le renforcement positif, sa modestie face à l’ampleur des connaissances à acquérir et sur la relativité de son expertise permettront de développer de nouveaux rapports aux savoirs, plus authentiques et, on peut le souhaiter, pérennes.

 
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