TRIBUNE. Aujourd’hui, l’évolution rapide de nos métiers rend les compétences de plus en plus vite obsolètes, renforçant la fracture entre les « gagnants » et les « perdants » de la mondialisation. 60 % des métiers qui seront exercés en 2030 n’existent pas encore. Le président de la République a pris la mesure de l’enjeu. Muriel Pénicaud, ministre du travail, a confirmé l’engagement d’investir quinze milliards d’euros dans la montée en compétences, notamment des demandeurs d’emploi et des jeunes les moins qualifiés.
Mais il faudra aller plus loin. Le système français de formation professionnelle, fondé sur une gestion paritaire, n’est plus opérant car les besoins des entreprises comme des actifs sont devenus multiples et individualisés. Nous constatons tous les jours dans nos entreprises le décalage croissant entre des dispositifs de formation bien trop figés et une réalité de l’entreprise en perpétuelle transformation.
Le compte personnel de formation opaque
Nous avons besoin de collaborateurs qui puissent se former en continu pour accompagner les évolutions technologiques et organisationnelles. Mais les financements sont fléchés vers des formations à des métiers qui n’existeront sans doute plus dans les années à venir. La manière de se former a elle-même évolué : ce qui fonctionne dans le monde du travail d’aujourd’hui repose sur l’expérience, le #numérique, l’interactivité. Or, la plupart des organismes paritaires de collecte agréés (OPCA) ne financent pas ces innovations pédagogiques.
Le symbole de ce système qui ne parvient pas à évoluer avec son temps est le compte personnel de formation (CPF). Initialement prévu pour être un droit universel à la main de chaque personne, il est devenu un système opaque de financements inéquitables et extrêmement complexes à mobiliser, dont seuls une poignée d’initiés peuvent tirer profit. Les premiers à être pénalisés par ce système kafkaïen sont les personnes les moins autonomes,…