Ce texte est une exploration critique du marché de la formation et des tendances qui le traversent, plus particulièrement dans le contexte Français.
Corporatisme des organismes en place
Le sens des lois qui se construisent est plutôt influencé par les gros acteurs de l’éducation et de la #formation en place, plutôt que par les travailleurs indépendants ou les petits organismes de formation, voire des acteurs nouveaux issus du monde de la communication ou de l’internet. Autrement dit, les textes sont encore un prolongement, une énième version, des lois originelles de Delors dont ils suivent la trace. La logique de flécher les financements de formation vers des organismes proposant des certifications favorise les rentiers de la formation qui ont très peu fait évoluer leurs pratiques et leurs catalogues de stage sur les 25 dernières années. Curieusement, elle leur donne une prime d’ancienneté.
La numérisation s’impose
Avant qu’une ouverture sur le fait que la formation, en dehors de la présence d’un formateur, soit reconnue éligible par la loi, il s’est passée plus de 30 ans. C’est tout le combat d’une association comme le Forum Français de Formation Ouverte et à Distance. Ce verrou vient de sauter. Dans le même temps, les technologies de la fin des années 80 ont fortement progressé. Les hyperliens, la possibilité de constituer des groupes en ligne, de bénéficier de visio performantes, l’équipement des individus est même souvent devenu plus performant que les outils dont ils disposent sur leur propre lieux de travail. Les conditions techniques, la masse d’applicatifs, la maitrise d’usages quotidiens, le nombre d’acteurs qualifiés pour soutenir le développement de la formation numérique, tout, est rassemblé pour assister à l’émergence de ce moyen d’apprendre. Du temps sera encore nécessaire pour roder parfaitement des dispositifs socio-numériques, mais il ne fait absolument aucun doute, que la distance est en train de s’apprivoiser. Il n’y a qu’à saluer le succès de FUN et de ses 500 000 participants, libres de toutes contraintes administratives.
Outsiders et franc-tireurs
Justement de nouveaux acteurs s’intéressent à la formation et au fait d’apprendre. Certains y voient une façon de créer des communautés de consommateurs, capables d’imaginer des applications au bénéfice d’une marque. Certains font de leurs magasins des lieux de rencontre ou les bricoleurs clients apprennent et achètent les matériaux dont ils ont besoin. D’autres ont compris que pour innover il fallait apprendre ensemble. Ils créent des plateformes, des espaces de rencontre, des fab-labs, ce faisant ils ne se soucient pas des feuilles de présence, ou des objectifs de formation, mais ils captent les envies, les visions et les projets. C’est par exemple toute l’initiative d’Orange et de sa plateforme collaborative Solerni.
L’ubérisation en marche ?
La question de l’ubérisation se pose aux rentiers de la formation. Une sorte de frisson, plus ou moins bien contenu, parcourt régulièrement l’échine des dirigeants d’organismes de formation les mieux établis. Et si une plateforme de formation s’imposait ou chaque particulier pourrait monnayer un tour de main une connaissance ? Et si une plateforme collaborative (tient pourquoi pas Stample ?), connectait un flux d’apprenants ? La question est moins évidente qu’il n’y parait car contrairement à la prestation de location d’appartement, ou de transport d’un voyageur, la formation c’est surtout de l’#apprentissage, et celui-ci revêt une dimension sociale importante. C’est du conflit sociocognitif cher aux pédagogues que l’on apprend. Youtube ou Daily motion offrent bien une variété de tutoriels par le moyen desquels chacun peut apprendre de tout sur tout, mais l’accès à l’information est insuffisant. L’apprentissage pour se produire a besoin d’interaction, de questions, d’un autre (#formateur tiers, ou apprenant) par lequel le savoir transite et se transforme pour me pénétrer. L’apprentissage a besoin de motivation, de cheminement personnel, de balises. Il s’agit d’un processus social finalement assez exigeant qui ne se met pas si facilement dans une bourse d’échange de savoirs. Des acteurs tels que coorpacademy, proposent des cours en ligne et cassent littéralement les prix. Mais il n’est pas encore donné à tout le monde d’apprendre seul.