« La Loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel » affectent la plupart des acteurs du secteur. Pire, cette réforme, entrainerait des changements jusqu’à l’horizon 2021 et est identifiée par certains comme le début de l’effondrement du système de formation professionnelle tel qu’on le connait. Décryptage sur un marché en plein mutation.

À modérer, il n’en est pas moins vrai que ces propos correspondent à un mal être profond ressenti par la grande majorité des formateurs et des organismes. Il s’agit maintenant d’analyser froidement la situation !

 Le marché de la formation : le constat

Alors qu’en aval, les recruteurs misent de plus en plus sur les compétences plutôt que les diplômes, en amont, le système de la formation professionnelle semble développer une opacité croissante qui va à l’encontre de la volonté initiale de la réforme.

 Un socle fragile

Ainsi, sur les 90 000 organismes de formation recensés en France, plus du tiers sont en renouvellement ou en perdition. Autrement dit, 30 000 organismes se créent et disparaissent successivement chaque année. En déséquilibre constant, la base de ce système ne trouve pas les moyens de se consolider : nouveaux acteurs souhaitant profiter d’une niche, abandon lié à un manque de profit ou à une saturation etc. « Ce flux incessant va à contrario de la volonté globale » confie Romain Rissoan gérant du centre Optédif, c’est à dire structurer le marché afin de créer un cercle vertueux qui ira dans le sens des acteurs, des apprenants et donc du gouvernement.

Les artisans de la formation délaissés

En fouillant de manière plus minutieuse, on se rend compte que la conséquence des réformes impact principalement une couche bien précise des organismes de formation : les consultants formateurs.

Représentant environ 22 500 organismes de formation, ces derniers apparaissaient comme les derniers remparts contre la standardisation et les mastodontes du marché.

Créatifs, mobiles et proposant des formations sur-mesure, ces artisans de la formation permettaient aux apprenants de jouir d’un ensemble d’outils  pédagogiques modernes au sein de structures à taille humaine, au diapason des véritables enjeux. À la place, on voit aujourd’hui apparaître des modèles de formations standardisés, impersonnels.

La nouvelle valeur du CPF

Et ici, c’est principalement la monétisation du CPF qui fait débat. Alors que depuis 2015, le Compte Personnel de Formation était calculé en heures, le projet de loi « avenir professionnel » a engendré un changement de format radical : le CPF sera dorénavant calculé en euros. En théorie, et selon Stéphane Lardy, Dir. Adjoint du cabinet de Mme Pénicaud, cela permettra de rendre le CPF «  plus simple et plus lisible pour les gens ».

Cette baisse de la valeur peut aussi être mise en corrélation avec la création de l’application CPF : si il est vrai que ce nouveau support va permettre une flexibilité nouvelle à l’apprenant, son autonomie va paradoxalement créer une baisse mécanique des souscriptions (des souscriptions historiquement conditionnées par les employeurs Cf Plan de compétences). Au final, ce sont encore les organismes de formation qui vont pâtir de cette situation, et si l’effondrement n’est pas encore annoncé, il s’avère que les réformes récentes n’aident finalement en rien…

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Repéré depuis https://blogs.mediapart.fr/louise-marechal/blog/290820/effondrement-du-marche-de-la-formation-en-2021

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