Le Digital Learning se porte bien, très bien même si on en croit les grands sourires affichés lors des derniers salons et les dernières levées de fonds réalisées. Les offres n’ont jamais été aussi alléchantes, le marché semble mûr et les acteurs confiants.
Alors tout va bien dans le meilleur des mondes ? Les nouveaux concepts sont-ils réellement matures ou bien la réalité est-elle un peu plus nuancée ?
Ce qui est sûr est que les pratiques évoluent enfin et que le stade du phénomène de mode est désormais relégué au passé. Oui, le marché est bien là avec ses besoins qui se complexifient et se peaufinent à l’aune des nouveautés et des exigences de gain de temps et d’efficacité.
Deux grands mérites peuvent être attribués au Digital Learning : ré-interroger nos pratiques pédagogiquesen les enrichissant et les professionnalisant, ouvrir un avenir riche, varié et pétri d’innovation.
1. Ré-interroger nos pratiques
Repenser la temporalité et le présentiel
Si la formation est un temps long, le temps disponible pour se former diminue régulièrement. Les bons principes de réalité voudraient qu’on lâche l’affaire et qu’on se résigne à ce que former devenant si difficile on y renonce. A moins qu’en adaptant nos façons de former aux nouvelles contraintes, en s’appuyant sur les nouvelles technologies on ne trouve de nouvelles voies : “De la contrainte nait la créativité”.
S’intéresser au fonctionnement du moteur : le cerveau
Largement mises à toutes les sauces, les neurosciences n’ont pas pour vocation à “prescrire” les bonnes ou mauvaises pratiques pédagogiques. Des ‘neuromythes‘ souvent relayés par des pseudo-scientifiques, et des offres opportunistes de certains ont conduit à regarder les neurosciences d’un œil critique ou amusé.
Se (re)mettre à la pédagogie
Le Digital Learning s’est largement installé dans le paysage de la formation en y instillant de nombreux outils : plateforme de formation (LMS : Learning Management System), outils de création de contenus (outils auteurs), mobile learning, réalité virtuelle ou augmenté (XR : eXtended Reality), classe virtuelle…
2. Un avenir ouvert sur l’innovation
L’acte 1, pour utiliser un terme à la mode, du Digital Learning a mis en avant de grandes nouveautés mais ce qui nous attend sera tout aussi remarquable. Illustration en 7 points.
Intelligence artificielle
Elle n’en est qu’à ses balbutiements aujourd’hui et certaines solutions qualifiées comme telles reposent parfois sur des algorithmes certes complexes mais dont l’apparition remonte à 1950 tout de même. Cependant les promesses du machine-learning et du deep-learning reposant principalement sur l’analyse d’une masse énorme de données, l’intelligence artificielle en formation n’aura réellement de pertinence qu’avec une accumulation d’une très quand quantité d’interactions avec les apprenants. Pour bénéficier de sa puissance, il va falloir apprendre à jongler avec la data et le RGPD (règlement général sur la protection des données).
Gamification
Omniprésente dans les discours la clé de la motivation et de l’engagement, elle peut, en théorie, rendre passionnant n’importe quel sujet. La gamification n’est cependant pas une recette de cuisine inratable, ou un topping magique qu’il suffit de déposer sur une formation pour la rendre attractive et addictive. Elle est plus riche et donc plus complexe que de simples badges, ou des battles.
Adaptive learning
Les formations vont devenir personnalisées, elles vont s’adapter à l’individu, son niveau et sa façon d’apprendre. Telle est la promesse. Peu de technologies sont réellement matures.
Mobile learning
Le taux d’équipement individuel approche les 100%, la majorité des accès web se fait depuis un mobile, le mobile learning est très efficace, les principaux freins sont levés pour développer cette solution. Mais, à part les grands comptes qui ont pratiquement tous fait au moins une expérimentation de mobile learning, quelle est l’offre standard réellement accessible à monsieur tout le monde ? Et les outils permettant de développer de véritables contenus mobile learning se comptent plutôt sur les doigts d’une main de Mickey.
xAPI
xAPI permet le tracking d’activités pédagogiques informelles (activités sur les réseaux sociaux, la consultation de vidéos, …) et permet de dissocier les données et les outils par l’apparition des LRS. Les grands éditeurs de LMS ou d’outils auteurs ont fait l’effort d’intégrer les bases d’xAPI dans leurs outils, mais les éditeurs de contenus n’ont pas encore tous franchi le cap. La déferlante annoncée se fait autant attendre que SCORM à son heure.
UGC
Le web 2.0 a donné la parole aux utilisateurs en leur offrant gracieusement des outils pour produire et des espaces pour publier leurs propres contenus (blog, vidéo, wiki, …). L’avenir est dans le User Generated Content (UGC) en complément des contenus proposés par les éditeurs.
XR
La réalité virtuelle et la réalité augmentée permettent de proposer aux apprenants des activités immersives nouvelles, riches et ouvrent la voie à des simulations performantes et impactantes. Mais les casques de réalité virtuelle sont encore rares, un peu lourds et chers. Les supports dans lesquels il faut insérer un smartphone n’ont pas un confort suffisant pour des sessions de longue durée. Les outils auteurs, bien que de grande qualité, sont encore plus rares que les outils de mobile learning.
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Repéré depuis https://www.focusrh.com/tribunes/digital-learning-acte-2-l-age-de-raison-par-philippe-gil-32006.html