Le monde de la formation professionnelle intègre de plus en plus le digital. Logique quand les entreprises attendent des organismes de formation qu’ils les accompagnent dans l’acculturation de leurs collaborateurs à l’esprit d’innovation ! Existe-t-il néanmoins des risques à cette digitalisation tous azimuts ? Comment construire une démarche cohérente ? Explorons ensemble le « bon usage » du digital en formation, dans une optique de véritable innovation pédagogique.
POURQUOI LE DIGITAL EN FORMATION N’EST PAS UNE FIN EN SOI
Dans un article récent, Yannick Petit, CEO de Unow [1], souligne qu’il est urgent de clarifier le marché du Digital Learning. Cela traduit me semble-t-il la nécessité de ne pas confondre innovation technologique et innovation pédagogique. Car les solutions de Digital Learning sont porteuses d’innovation si et seulement si elles permettent de mieux atteindre des objectifs bien définis. L’efficacité du dispositif doit être au cœur du questionnement en matière de formation.
Lorsqu’un organisme de formation (OF) est sollicité par des clients pour innover sur des parcours de formation, il est important que celui-ci questionne longuement les raisons de changer une formule donnant les résultats attendus. L’OF peut avoir intérêt à faire évoluer certains ingrédients : augmentation du temps de mobilisation en amont (e-start) ; découpage différent du présentiel ; davantage de moments d’application entre pairs. La pertinence de leur nouvel agencement devra ensuite être évaluée en référence à des groupes test avant (les collaborateurs ayant suivi le parcours de formation classique) / après (ceux ayant suivi le nouveau parcours). Alors seulement, l’efficience de l’innovation réalisée pourra être validée.
Certaines demandes sont récurrentes, comme par exemple le fait de « mettre du e-learning en amont d’ateliers en présentiel ». Est-ce une garantie d’innovation ? Comme l’exprime Philippe Lacroix [2], « se former, ce n’est pas cliquer le plus vite possible sur le bouton Suivant pour abréger la souffrance d’un contenu aride, ni collectionner les badges sans but ou réussir un quiz par intuition ».
POURQUOI PRODUCTION + PRÉSENTIEL = PÉPITE
Le Blended Learning représente 64 % des modalités mises en œuvre dans les entreprises selon une enquête [4] de l’ISTF. Les responsables formation attendent souvent un « effet waouh » de la phase présentielle du Blended. Ils l’associent à l’interactivité entre les apprenants, à des réalisations proches de ce qu’ils font dans leur travail, à la transmission de feedback. Ainsi, le collaborateur ne reviendra pas en poste en ayant encore « tout à faire » !
En cela, le présentiel constitue bien une pépite. Pépite car c’est le moment du face-à-face pédagogique, absolument déterminant selon moi dans le cadre des formations aux soft skills. Pourquoi ? Notamment parce que les feedback reçus du formateur ou des pairs permettent aux apprenants de mesurer leurs capacités d’écoute, d’empathie ou de leadership – par exemple.
LE DIGITAL EN FORMATION, OUI, QUAND ET SEULEMENT QUAND IL EST SYNONYME DE VALEUR AJOUTÉE
Je plaide pour l’alternance de moments low tech et high tech en formation. Cela répond aux exigences du fonctionnement du cerveau humain : s’il a besoin d’être stimulé et réveillé, notamment en termes d’attention, il ne faut pas le sur-solliciter, au risque de le saturer ! Lors de la phase présentielle, la qualité de la présence, la qualité d’écoute, sont décisives. N’hésitons pas à éteindre nos smartphones à certains moments et à ranger ces « bonbons [6] » hors de notre vue ! Les lieux innovants de formation l’ont compris et proposent des solutions sympathiques à cet égard.
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Repéré depuis https://www.docendi.com/blog/digital-formation-bonne-recette-innover-apportant-valeur-ajoutee/