“Monétarisation” ! Avec “désintermédiation”, c’est le mot le plus souvent prononcé à l’aube de la prochaine réforme. D’aucuns jugent que c’est la clé d’une individualisation et d’une responsabilisation réussies. D’autres s’inquiètent et y voient un ferment de désagrégation du système actuel. Les experts de Centre Inffo ont posé le débat lors du 1er RDV de veille “Dessine-moi la réforme”.
Coût de la formation
Aujourd’hui, le CPF, géré par la Caisse des dépôts et consignations, est alimenté en heures. “La monétisation existe déjà. Elle repose sur des plafonds horaires ou un forfait horaire”, rappelle Fouzi Fethi. Pour les salariés, ces plafonds fixés par les Opca sont variables selon les branches et le type de #formation. Selon le FPSPP (Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels), le plafond moyen de la VAE (validation des acquis de l’expérience) correspond à une fourchette horaire moyenne de 65 euros et celui du certificat CléA de 38 euros par heure. En fonction des Opca, les coûts horaires varient de 50 euros à 100 euros. Pour les demandeurs d’emploi, le FPSPP rembourse Pôle emploi ou la Région à raison d’un forfait horaire de 9 euros. “Se pose alors la question du coût de la formation dans un modèle où la personne est à l’initiative de son achat”, soulève Jean-Pierre Willems.
Valeur des points
Dans l’hypothèse d’un CPF crédité en euros, la régulation de la valeur des points s’inscrirait dans un cadre national et interprofessionnel piloté par l’État. Avec le risque d’une baisse du taux horaire, comme on a pu le vivre avec celui du droit individuel à la formation(Dif) fixé à 9,15 euros, notent les experts de Centre Inffo.
Vers une logique de désintermédiation ?
Par ailleurs, cette hypothèse impliquerait un choix entre deux logiques. La première option consisterait à fixer une même valeur financière du point, à laquelle s’ajouteraient des abondements correctifs relevant de la régulation paritaire, selon le niveau de qualification ou des objectifs de la formation. La seconde s’orienterait vers une valeur fixée en fonction de la rémunération du salarié ou de l’indemnisation du demandeur d’emploi, avec un abondement du titulaire du compte. “Cette dernière option entrerait dans une logique de désintermédiation”, observe Fouzi Fethi.