Anne Lechene est une précurseure dans une vision des communs de la connaissance et de #l’éducation. Son court article particulièrement éclairant – “L”histoire méconnue des communs” – ouvre la question dès le Moyen-Âge.
L’excellent dictionnaire des biens communs (Orsi et al ; 2017) s’efforce de les recenser. Pour les communs de la connaissance, la réflexion théorique est marquée par les travaux d’Eleonor Ostrom (Prix Nobel d’économie en 2009) et Charlotte Hess dans leur ouvrage « Understanding Knowledge as a Commons »
[1], elles décrivent les communs (de l’anglais commons) et les tentatives « d’enclosure », c’est-à-dire d’appropriation par quelques-uns pour leur seul profit.La définition simplifiée proposée par Lionel Pujol (2014) est la suivante :
“Nous parlons de communs de la connaissance dès lors qu’il y a une activité collective pour créer, maintenir et offrir des savoirs en partage”.
Un “commun de la connaissance” peut se décrire comme une ressource partagée, un “écosystème complexe se heurtant à des dilemmes sociaux”. Ces dilemmes sont par exemple ceux :
- de la protection de la propriété intellectuelle versus un irrépressible besoin de l’humanité pour améliorer sa condition,
- de la privatisation des savoirs contre l’idée d’ouverture,
- des équilibres entre hiérarchies sociales basées sur la maîtrise des signes de savoir versus l’émancipation de tous par la connaissance partagée,
- des communautés rétributrices (récompense des meilleurs) versus des communautés restauratrices (inclusion de tous par le pouvoir et savoir agir dans la durée).
Quels sont les enjeux des communs de la connaissance ?
Le #numérique par sa démocratisation, ses possibilités d’accès à des informations et des personnes, son pouvoir de calcul, et de travail collaboratif, son pouvoir de diffusion rebat les cartes sociales et les positions acquises. Il oblige à réévaluer la question des savoirs, non seulement dans leur nature (les savoirs se transforment en flux plutôt que de demeurer des stocks), dans leur limite et porosité (savoir savant versus savoir amateur, savoir composite, hybride, transdisciplinaire, informel), mais encore dans les droits d’usage et de propriété qui leur est associé.