Comment s’est déroulé ce changement d’actionnaire ?

Comme tous les fonds d’investissement, Montefiore Investment, qui était entré dans le capital de #Demos en 2012, avait un horizon de sortie. Ces six derniers mois, nous avons donc préparé ce changement d’actionnaire, qui s’est clôturé il y a deux semaines. Demos est désormais sous la coupe du groupe Weidong Cloud Education, qui s’est emparé de 75 % de son capital tandis que la famille Wemaere, qui a fondé le groupe en 1972, en garde environ 10 %. La part de notre ancien investisseur a été acquise pour 16 millions d’euros, tout comme la dette bancaire de Demos, qui a été effacée.

Quelles sont les synergies qui existent entre Weidong et Demos ?

Ce rachat est gagnant-gagnant. Grâce à Demos, qui est présent dans 12 pays, Weidong va non seulement pouvoir débuter son expansion à l’international mais aussi acquérir des compétences dans le digital. Ce rachat va aussi permettre à Demos de développer sa stratégie digitale avec davantage de ressources, ce qui lui manquait ces dernières années… Avec cette opération, le groupe chinois, qui réalise ainsi sa première acquisition à l’étranger, formule de grandes ambitions : devenir un des leaders mondiaux de la formation professionnelle.

Cette opération va-t-elle permettre à Demos de renouer avec la croissance ?

Grâce à ce rachat, nous disposons d’une structure financière 100 % assainie qui devrait effectivement nous permettre d’occuper une belle position sur le marché de la #formation professionnelle. Notre objectif est également de retrouver un nouvel élan, alors que l’année 2015 a été particulièrement compliquée, du fait de la mise en œuvre, le 1er janvier 2015, du Compte personnel de formation au détriment du Droit individuel à la formation, qui a provoqué une sclérose complète de notre système ! Nous avons subi le plein fouet une réforme qui a été mise en œuvre à la hâte.

Quelles activités ont été le plus fortement touchées ?

L’activité liée à la formation inter-entreprises, qui est la plus concernée par la réforme, a été la plus touchée. Sur le marché français, il se dit que la chute sur ce segment est estimée entre 15 et 20 %, ce qui est plutôt juste par rapport à ce que nous enregistrons. Malheureusement, l’activité liée à l’intra-entreprises, c’est-à-dire aux solutions multimodales, n’a pas suffit à compenser ce manque à gagner étant donné qu’elle était tout juste à l’équilibre. En 2015, Demos a donc été porté par ses filiales étrangères en Allemagne, en Suisse et dans les pays anglo-saxons, qui sont profitables.

Des restructurations sont-elles prévues ?

Suite à l’entrée de Montefiore Investment en 2012, nous avons déjà connu une importante phase de restructurations, qui s’est déroulée entre 2012 et 2014. Durant cette période, nous avons fermé les filiales étrangères qui n’étaient pas rentables. Nous avons également réaligné nos équipes pour optimiser notre structure de coûts, renforcé nos connaissances sur le #digital… Depuis 2014, nous avions trouvé un nouvel élan, qui a récemment été stoppé par la réforme. Mais l’année 2016 s’annonce sous de bons auspices : Weidong devrait nous aider à développer des outils innovants.

Quelle sera votre stratégie en 2016 ?

Nous allons continuer de jouer un rôle d’intégrateur en signant de nouveaux partenariats avec des prestataires disposant de contenus digitaux et présentiels ou développant des modalités pédagogiques innovantes. C’est ce que nous avons fait il y a quelques mois en nous rapprochant des start-up Teach On Mars et Klaxoon. En parallèle, nous devrions développer de nouveaux outils en propre, grâce à notre filiale suisse MindOnSite, qui concentre nos capacités de R&D et d’ingénierie informatique. Pour l’instant, la nouvelle génération d’outils que nous lancerons est confidentielle.

Allez-vous accélérer sur le mobile learning ?

Avec Pocket Impulse, nous disposons d’une des meilleures applications mobiles du marché. Cette année, nous allons non seulement lancer une version dédiée aux entreprises mais également l’enrichir de nouvelles fonctionnalités permettant de faciliter le téléchargement de contenus. Même si nous croyons beaucoup dans cette modalité, le mobile learning n’est toutefois pas adapté à tous types de contenus. Il est davantage intéressant pour les entraînements en amont et en aval de formations présentielles car il permet notamment d’ancrer des connaissances sur le long terme.

Quelles tendances d’apprentissage voyez-vous émerger ?

Avoir accès à des formations en temps réel, au travers de séquences courtes, est un besoin qui ressort souvent des échanges que nous avons avec les entreprises et les apprenants. Ces derniers ne veulent plus prévoir, longtemps à l’avance, des sessions de formation plusieurs jours. C’est la raison pour laquelle nous développons de plus en plus de réseaux sociaux d’#apprentissage qui permettent aux salariés d’apprendre en temps réel, de manière autonome, tout en faisant partie d’une communauté de pairs, que nous attachons à fédérer.

Par Aurélie Tachot

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