Expert reconnu des ressources humaines et de la formation, André Perret est directeur du pôle « Formation et Conseil » de DPM&Associés (Groupe Dever), dont il est vice-président.
Quels sont selon vous les nouveaux défis des responsables formation ?
Un signe important de cette transformation a été la décision par l’Autorité des normes comptables d’admettre, de façon limitative, la nature d’investissement de la formation, dès lors qu’elle est corrélée à un investissement matériel.
Aujourd’hui, on se pose enfin les bonnes questions : de quelles compétences allons-nous avoir besoin ? Quelle ingénierie de formation devons-nous mettre en place pour y répondre ? Comment calculer le retour sur investissement ? De façon incompréhensible, l’entreprise a énormément tardé à se préparer à ces défis. 70% d’entre elles ne pratiquaient pas d’évaluation à froid. Ce qui revient à dépenser un budget sans vraiment savoir pourquoi.
Que faites-vous de Qualiopi, la nouvelle certification qualité des organismes de formation ?
Je suis en guerre contre la dictature de Qualiopi. De plus en plus, on pourra et on devra se passer des financements publics. Dans ces conditions, pas besoin de certification qualité.
En pratique, quand un formateur maîtrise bien son groupe, qu’il a compris les attentes et les besoins de chacun des stagiaires, qu’il a individualisé sa pédagogie, il sort du cadre, automatiquement. Il n’est plus Qualiopi. Le pédagogue est un chef d’orchestre qui fait jouer des partitions différentes à ses instrumentistes. Avec Qualiopi, ce n’est pas possible : la formation devient un processus normalisé. Le danger de Qualiopi ne se limite donc pas à la lourdeur administrative de la démarche : il y a également un vrai risque de déperdition de performance.
Une chose est sûre : il faut éviter de toucher à l’architecture globale du système de formation. Il faut laisser un peu de temps aux entreprises. La prochaine réforme, s’il y en a une, devrait s’intéresser davantage à la formation comme investissement. Les deux précédentes ont préparé le terrain, même si ce n’était pas forcément l’idée des hauts fonctionnaires qui les ont élaborées !
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