« Allez, encore un effort, tu y es presque ». Nous avons tous entendu cette phrase, et vécu cette sensation d’effort. Quand il est question de serrer les dents et de trouver l’énergie pour atteindre ce but qu’on s’était fixé. On savait que ce serait difficile, mais on décide de le faire malgré tout. Et au moment d’agir, il faut trouver les ressources pour atteindre l’objectif fixé.

La recherche en neurosciences comportementale propose un processus très simple pour la gestion de l’effort : dans un cadre utilitariste, la quantité d’énergie fournie pour l’action est proportionnelle à la récompense attendue à l’issue de cette action, selon un processus appelé motivation incitative, dans lequel la dopamine joue un rôle central.

La dopamine est produite par un petit groupe de neurones situés dans les profondeurs du cerveau, dans des régions assez anciennes sur le plan phylogénétique. Ces neurones dopaminergiques (DA) innervent les régions antérieures et dorsales du cerveau, impliquées dans le contrôle moteur (et la dégénérescence ce ces neurones DA dans dans la maladie de Parkinson est responsable des symptômes moteurs). Mais ils innervent également des régions ventrales, impliqués plus directement dans la motivation, pour constituer avec elles ce qu’on appelle parfois le « circuit de la récompense ».

Le rôle crucial de la dopamine dans la motivation incitative a largement été démontré : d’une part les neurones dopaminergiques sont activés par des informations sur la récompense, et leur niveau d’activation est proportionnel à la valeur de la récompense attendue. Plus la récompense attendue est plaisante, plus l’activation des neurones est importante. D’autre part la perte de l’innervation dopaminergique (soit dans des cas pathologiques chez l’homme, soit de façon expérimentale chez l’animal en laboratoire) induit une diminution de la motivation incitative : l’influence positive de la récompense sur l’intensité de l’action diminue.

La dopamine explique-t-elle tout ?

Au premier abord, ce système permet d’équilibrer les dépenses avec les bénéfices puisque la dépense énergétique est ajustée en fonction des bénéfices attendus. Mais subjectivement, la question de l’effort se pose justement quand on doit faire face à une difficulté. En d’autres termes, on doit pouvoir rendre compte des situations où justement on fait l’effort, on dépense de l’énergie surtout en fonction de la difficulté envisagée, et moins du bénéfice attendu (ou du moins pas directement).

L’ensemble de ces travaux confirme l’existence d’un système cérébral propre à l’effort, dans lequel la noradrénaline joue un rôle crucial. Ce système serait complémentaire du système DA impliqué dans la gestion de la récompense et son influence sur le comportement (motivation incitative). Mais pour aller plus loin dans la compréhension de la façon dont le cerveau gère l’effort, il faudra identifier les autres structures impliquées dans ce système cérébral de l’effort et caractériser la dynamique de leurs interactions. Par ailleurs, le système cérébral de l’effort semble impliqué non seulement dans la gestion de l’effort physique (les actions) mais aussi, et peut être surtout, l’effort mental (le contrôle des actions). En effet, l’effort implique plus un contrôle du comportement (décider d’agir, malgré les coûts, ou plus simplement arbitrer entre plusieurs actions possibles) plus que son exécution (la contraction musculaire). Cette question reste difficile et pour l’approfondir cette question, il sera crucial de combiner des approches théoriques et expérimentales. La recherche continue !

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Repéré depuis https://theconversation.com/vous-connaissiez-le-circuit-cerebral-de-la-recompense-voici-celui-de-leffort-155771

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