Le Nudge ? On se le gardait sous coude ! Mais là, du coup, on dit “pouce !” Histoire de prendre le temps de se pencher sur cette théorie devenue méthode, avant que tout le monde ne joue des coudes pour s’en emparer .
Le Nudge, késako ?
Nom : Nudge (signifie coup de coude en anglais, mais on préfère coup de pouce, ça fait moins mal et c’est plus convivial).
Identité : méthode qui consiste donc à inciter les individus à changer de comportement sans les contraindre, en utilisant leurs biais cognitifs.
Date de naissance : 2008.
Lieu de naissance : États-Unis.
Parents (2 papas) : Richard Thaler (économiste) et Cass Sunstein (juriste et philosophe).
Enfance : utilisé tout d’abord par les pouvoirs publics, puis en marketing, en management.
Signes distinctifs : il a été révélé grâce à une mouche qui a été peinte sur les urinoirs dans l’aéroport d’Amsterdam (lien drôle pour en savoir plus).
Ses qualités : il intègre la notion d’intérêt de l’individu ou de la communauté. Pas de contrainte ni de culpabilisation. Le nudge est éthique.
Son côté obscur : ses jumeaux maléfiques sont le Sludge (processus qui empêche les gens d’obtenir un avantage auquel ils ont droit) et le Dark Nudge (intégrant une notion de manipulation).
Parenté : sciences comportementales, biais cognitifs.
Profil geek : l’usage de nudges est déjà amplifié via le digital et l’IA, à travers des interfaces (objets, sites, etc.) qui détectent nos habitudes et comportements et nous incitent à consommer, à faire attention à notre santé, à la planète, etc.
Le saviez-vous ?
Il existe un observatoire du Nudge (créé par BVA) et une association sur le Nudge : http://www.nudgefrance.org/
Un livre sur le Nudge en formation va sortir. Son titre : “Nudge et autres coups de pouce pour mieux apprendre” par Etienne Bressoud, éditions Pearson*.
Le Nudge a même son jeu sérieux : Nudge Creator – nous allons le tester pour vous.
Zoom sur les biais cognitifs
Les biais cognitifs sont des réflexes de pensée faussement logiques, inconscients et systématiques (versus analytiques). À l’origine, ils permettaient à notre cerveau d’économiser du temps et de l’énergie en développant des raccourcis mentaux. Mais ces raccourcis ne sont plus adaptés à notre monde complexe. Bref, ils nous amènent à prendre des décisions illogiques.
Le Nudge et le marketing de l’offre
Le Nudge et le temps
L’un des premiers arguments (tout à fait justifié) dans l’absentéisme ou le faible taux de participation en formation est celui du manque de temps. Et ce n’est pas près de s’arranger .
Tips (biais de cadrage) : dans votre communication sur une formation ou un dispositif, plutôt que de communiquer sur le temps nécessaire pour la/le suivre, communiquez sur le temps que cela fait gagner (dans notre quotidien professionnel).
Le Nudge et le sens
Le deuxième argument est celui du manque de sens. Mais pourquoi faire cette formation (obligatoire ou fortement conseillée) ? Que m’apporte-t-elle ?
Tips : le sens se nourrit d’éléments concrets et tangibles. Aussi, dans vos communications, pensez à évoquer les effets bénéfiques de la formation, une fois mise en action. Remplacez les objectifs pédagogiques – qui n’intéressent pas les apprenants – par les objectifs opérationnels.
Plutôt que de proposer une formation, questionnez (via un quiz, par exemple) vos collaborateurs sur leurs difficultés, contraintes et besoins, de façon à les amener par eux-mêmes à pensez formation (et notamment aux formations que vous souhaitez diffuser)… une prescription habilement amenée.
Le Nudge et les autres
Le petit coup de pouce est souvent donné par l’autre, parce qu’il nous influence, nous inspire de la confiance, de l’envie, etc.
Tips : produisez des témoignages par des collaborateurs (biais de conformisme) courts, concrets et réalistes (effet boomerang) sur les apports de vos formations (c’est encore eux qui en parlent le mieux). Micro-vidéo ou podcasts, utilisez les médias qui ont le vent en poupe.
Le Nudge et soi
Savoir que nous sommes en contrôle d’une situation (l’illusion de contrôle) nous rassure. Il en va de même en formation, avec le besoin croissant de pouvoir/vouloir se former quand on le souhaite ou quand on en a besoin. Nous avons également tous besoin d’être valorisé(e)s et la formation a un vrai rôle à jouer à ce niveau.
Tips : ce tips répond au biais décrit ci-dessus et également à la méconnaissance des offres de formation proposées aux collaborateurs par une entreprise. Phénomène trop souvent constaté : un catalogue ne suffit pas . Communiquez régulièrement (de façon courte et percutante) et en diversifiant vos canaux (mails, écrans sur site, réseau social interne, etc.) en associant une formation à la problématique qu’elle résout ou au besoin auquel elle répond. Et laissez le choix/l’opportunité à vos collaborateurs de la faire (sans démarche ni inscription préalable).
Autre stratégie (effet de rareté) : plutôt que d’ouvrir une formation à tous, limitez le nombre d’accès et proposez/présentez-la comme un service d’exception. (Dans ce cas, la qualité doit, bien sûr, être au rendez-vous). La rareté crée le besoin !
Le Nudge et le Digital Learning (pendant et après)
Le Nudge et le Mobile Learning
Ce n’est plus un secret, nous passons des heures par jour sur notre smartphone. Affect (mon doudou), instantanéité (tout de suite), omniprésence (partout)… Il flatte notre goût pour les satisfactions immédiates et pour l’omniscience. Vous l’aurez compris, le Mobile Learning est en soi un moyen de “nudger” la formation.
Tips : le revers de la médaille, c’est “parfois” le peu d’attention portée à la formation car réalisée en situation de mobilité ou dans un lieu bruyant/animé. Aussi, n’hésitez pas à introduire de courts messages afin d’engager les apprenants à se mettre dans un contexte propre à l’apprentissage (petit rappel, conseil/suggestion, truc à savoir, trucs et astuces).
Le Nudge et le temps/l’efficacité
Une fois que vous avez convaincu un apprenant d’initier une formation/un parcours, il vous faut le retenir afin qu’il aille au bout de la formation. Mais aussi l’amener à revenir (le fameux taux de rebond). Le rêve serait de le rendre addict ou de le mettre sur la voie du Binge Training (mais ne nous emballons pas !). Le temps est ici un facteur clé (mais pas le seul).
Tips : là se pose la question du e-learning (modules de 30, 60, 90 min) versus le micro-learning (2 à 5 min). Mais aussi du micro-doing et le juste équilibre entre apport théorique et mise en action. Car passer de la théorie à la pratique demande des efforts, et donc du temps. Bref, faire court et pratico-pratique, est une solution pour répondre aux problématiques de temps, et réduire l’effort d’acquisition. Mais pas le faire disparaître, car, apprendre se fait rarement sans un minimum d’effort.
Le Nudge et le plaisir
UX (expérience utilisateur) et esthétisme participent au plaisir que l’apprenant aura à apprendre. Et parce que la première impression est souvent considérée comme la bonne (effet de halo), il s’engagera plus volontiers.
Tips : un seul mot d’ordre ! Soignez l’apparence et facilitez la prise en main (user-friendly for ever). Et, dans vos choix de formations et de prestataires/partenaires, soyez-y sensible.
Le Nudge et les autres
Apprendre se fait avec les autres (compétition, émulation), grâce aux autres (voire grâce au groupe – biais de conformité) et comme les autres (effet de mode).
Tips : favorisez les LMS à forte dimension collaborative (likez, postez des commentaires, création de contenus par les apprenants/LGC – Learner Generated Content). Utilisez votre réseau social d’entreprise pour créer des communautés de pratique sur des sujets portés par vos formations. Organisez un marathon ou un relais Apprentissage (pendant 12h, des équipes se relayent sur un dispositif/une série de formations. La gagnante est celle qui cumule le plus de points. Puis prolongez l’expérience/le challenge avec celle qui applique le mieux/le plus vite les notions/compétences apprises !
Le Nudge et l’humour (notre chouchou, sans aucun doute)
Parce qu’il n’y a pas plus puissant que l’humour (l’effet d’humour), que ce soit pour marquer les esprits ou fédérer une communauté. C’est un moyen efficace d’engager en formation (avant, pendant, après).
Tips : osez intégrer de l’humour dans vos formations/dispositifs. A minima, si dans vos équipes personne ne manie l’humour (en termes d’écriture/storytelling), utilisez des photos humoristiques. Lors d’un tournage (vidéos, tutos, etc.), gardez précieusement le bêtisier en mettant quelques extraits à la fin.
En bref, le Nudge, c’est une connaissance de nos biais cognitifs, du bon sens et de la créativité.
Si vous avez des idées de nudges à partager, faites-le sans modération, via notre blog ou vos/nos réseaux sociaux.
Un article by TIPS
*Notre petit doigt (ou plutôt notre pouce) nous dit qu’il fera l’objet d’une lecture de l’été très prochainement .