Les débuts de la classe virtuelle au siècle passé !
Fallait-il être inconscient ou (trop) en avance de phase pour imaginer il y a 20 ans que la classe virtuelle deviendrait une modalité de formation (presque) comme une autre. J’écris « presque » car malgré ces 20 ans de recul, elle n’est pas encore toujours utilisée « à sa juste valeur ».

Souvenirs souvenirs

Je me souviens avec précision de la première classe virtuelle (à l’époque nous appelions cela de la visioconférence) animée en bureautique puis un an plus tard en langues. 3 vertus pédagogiques me sont très vite et clairement apparues.

  • En bureautique (donc dans l’apprentissage d’un outil), une mise en pratique plus autonome pour l’apprenant ;
  • En langues une baisse significative de l’inhibition ;
  • Dans les deux disciplines, l’exigence d’une posture tout autre pour le formateur.

Quelques dizaines de milliers de classes virtuelles plus tard, ces constats restent les mêmes et d’autres sont venus les enrichir.

La classe virtuelle et ses 8 vertus capitales

Vous l’aurez compris je suis fan de classe virtuelle (mais pas à tout prix et coûte que coûte) aussi c’est tout naturellement que je m’aventure en premier sur le terrain des vertus de cet outil devenu modalité (car l’enjeu est bien là : oublier l’outil au profil de ses atouts pédagogiques et autres).

Les vertus les plus évidentes

Les avantages organisationnels sont ceux que l’on met le plus souvent en avant : la disparition des contraintes géographiques, la diminution des coûts de logistique. J’en ajouterais un 3ème moins connu : la baisse des coûts liés à l’absentéisme en formation. La classe virtuelle pouvant s’enregistrer, la personne absente peut visionner l’enregistrement afin de pallier à son absence et donc reprendre plus sereinement le cours de sa formation. De plus, le format court de la classe virtuelle (1 à 2h) diminue naturellement l’impact de l’absence pour l’apprenant.

Mes vertus préférées (pas les miennes, celles de la classe virtuelle )

La baisse d’inhibition : je l’ai constaté lors de nombreuses formation en langues (discipline pour laquelle l’inhibition à la prise de parole est souvent un frein pour les apprenants) puis dans d’autres domaines, que les apprenants participent/interviennent plus facilement en classe virtuelle. A cela trois raisons :

L’absence physique du groupe (et donc l’absence de tous ces regards qui convergent vers nous quand nous prenons la parole) ;
L’abolition de la posture magistrale du formateur (lui debout, les apprenants assis) qui peut parfois être infantilisante/scolaire (on a tous à l’esprit la façon dont un groupe peut se comporter dans une salle de formation) ;
La diversité des canaux de communication (en classe virtuelle les apprenants peuvent prendre la parole et/ou utiliser le chat pour s’exprimer, répondre à une question).
La parole pour tous (ou presque) : au-delà de ses bénéfices en terme de baisse de l’inhibition (les timides peuvent préférer s’exprimer à l’écrit), l’utilisation du chat permet une participation/une prise de parole simultanée. Cela donne donc l’opportunité à plusieurs apprenants de répondre à une même question (là où en présentiel, à l’oral seule une personne à la fois peut répondre). Pour le formateur c’est l’opportunité de mieux jauger le niveau de connaissance et d’appétence des apprenants et pour ces derniers de ne pas être frustrés de ne pas avoir pu répondre à une question.

La concentration : le duo écran-casque (idéalement on conseille aux apprenants d’utiliser un casque) crée un espace clos et réduit les effets parasites (le jeu du formateur, les bruits ambiants, etc.). L’apprenant est concentré sur ce qui se passe en classe virtuelle : ce qu’il entend et ce qu’il voit à l’écran. L’attrait de l’écran est indéniable. Bien sûr une classe virtuelle en mode descendant/transmissif, c’est comme un mauvais film, on décroche, écran ou pas écran.

Un changement de posture pour le formateur : un apprenant en classe virtuelle peut facilement switcher sur une autre activité (ses mails, ses documents, etc.) et ponctuer la formation de micro-tâches décorrélées de cette dernière. Et là, exit les vertus citées ci-dessus ! Pour éviter cela ? 3 cuillères à soupe de bon sens, 4 de facilitation, 1 de technophilie et enfin 1 pincée de fantaisie.

Le bon sens : utilisez en classe virtuelle toutes les approches participatives et collaboratives utilisées en présentiel (en classe virtuelle on peut travailler en sous-groupe, laisser un apprenant présenter ses travaux au groupe, faire des jeux de rôles, brainstormer, faire du co-développement, etc) ; utilisez les techniques d’icebreaking en début de session* ; privilégiez les visuels** (les apprenants ne sont pas là pour lire des slides et une image vaut 1000 mots), etc.

La facilitation : interpelez les apprenants par leur prénom (il apparaît dans la liste des participants : pratique non ! ?) cela réduit la distance. Faites faire et faites dire (mon leitmotiv quand je forme des formateurs à l’art de l’animation/facilitation en classe virtuelle “si les apprenants ont occupés 80 à 85% du temps de parole : mission accomplie”). Encouragez la participation à l’oral, à l’écrit (le chat, le tableau blanc). Posez et rappelez avec patience et bienveillance les règles de communication imposées par la distance. Souriez (ça s’entend) et amusez-vous (c’est communicatif).

La technophilie : si en tant qu’animateur/facilitateur vous ne devez pas vous transformer en support technique, il est cependant essentiel que vous soyez technophile (que vous ayez de l’appétence et que vous soyez à l’aise avec la technique). Cela donne un animateur et des apprenants plus détendus face à un problème technique. Être à l’aise avec la technique (sans être un expert) cela s’apprend et doit même faire partie de votre préparation/formation.

La dernière des vertus, et pas la moindre, c’est l’exigence, la rigueur que demande la préparation et l’animation d’une classe virtuelle :

Techniquement : il faut accompagner, acculturer et toujours prévoir un plan B (ex : pouvoir utiliser le téléphone si la VOIP – la voix sur IP – ne fonctionne pas, envoyer les supports à un apprenant qui ne voit pas votre écran, etc)
Pédagogiquement : il faut connaître son sujet sur le bout des doigts (un silence, une hésitation a bien plus de répercussion qu’en présentiel), idem avec l’outil classe virtuelle de façon à se concentrer sur l’animation (et en oublier l’outil).
Physiquement : il vous manque un sens, la vue (vous ne voyez pas ou peu les apprenants), il faut donc être à l’écoute et observer les interactions à l’écran (chat, émoticons, tableau blanc). Bref un animateur en classe virtuelle ressemble à un poulpe avec des grandes oreilles.

Virginie JAULIN, directrice associée chez TIPS n’ LEARN

* Si vous voulez expérimenter l’icebreaker en classe virtuelle rendez-vous jeudi 30 novembre à 13h45 en classe virtuelle. Cliquez sur ce lien pour en savoir + et vous connecter : https://lnkd.in/gMnkkaB

** Peu de texte, de beaux visuels et des activités/interactions sur quasi chacune de vos slides (chaque slide est un tableau blanc en puissance à utiliser par vous et par le groupe). N’hésitez pas à partager un site, à utiliser la vidéo et d’autres supports que PowerPoint.

http://tipsnlearn.fr/tips/2017/11/29/la-classe-virtuelle-pas-si-virtuelle-que-ca/

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