La Chaire UNESCO “Pratiques de la philosophie avec les enfants et les adolescents” a récemment été invitée par Colin de la Higuera et son équipe, de la Chaire RELIA (Ressources Éducatives Libres et Intelligence Artificielle), pour coanimer une journée dédiée à l’intelligence artificielle (IA) lors de la Nantes Digital Week. Cet événement, à la croisée des chemins entre philosophie et technologie, s’adressait à deux publics : des élèves de seconde et le grand public. La question au cœur de cette journée ? Penser face à l’IA : à quoi bon ?
IA, amour et philosophie
L’omniprésence de l’IA dans notre quotidien rend pertinent l’exercice de questionnement philosophique. En plus d’aborder cette technologie sous un angle technique, nous l’avons explorée à travers des prismes éthiques et existentiels : Peut-on aimer une IA ? L’IA, un partenaire ou un ami idéal ? Pour alimenter ces réflexions, nous avons organisé des ateliers interactifs. Dans l’atelier “Peut-on aimer une IA ?”, les élèves ont visionné une vidéo où des jeunes tombaient amoureux d’un chatbot qu’ils avaient eux-mêmes paramétré pour être leur partenaire idéal. Ce scénario, à la fois captivant et troublant, a soulevé des questions sur la nature même des relations humaines. L’expérience a été complétée par un reportage sur une entreprise asiatique utilisant l’IA pour “redonner vie” aux défunts, permettant ainsi aux proches de continuer à interagir avec eux. Les élèves ont également eu accès à divers articles, allant de l’influenceuse virtuelle sur Instagram aux avatars enseignants, en passant par le jeu vidéo Detroit : Become Human, où des androïdes cohabitent avec des humains.
L’art et l’IA : Quand la machine identifie l’art ?
L’après-midi a permis de différencier la réflexion, en s’intéressant à l’art et à la créativité. Comment une machine peut reconnaître une œuvre d’art ? Comment définit-on une œuvre d’art ? Le public a été invité à se mettre dans la peau d’un directeur de musée et à configurer un assistant IA chargé de nettoyer les lieux. Problème : comment paramétrer cette IA pour qu’elle distingue les œuvres d’art des objets ordinaires ?
Ce que ces ateliers ont mis en lumière, c’est que la relation entre humains et IA soulève des enjeux bien au-delà du simple champ technologique. Les jeunes participants ont relevé que, dans une relation avec une IA, l’absence de réciprocité et d’altérité pourrait appauvrir nos interactions sociales. D’un autre côté, une IA présente des avantages certains : elle ne trahit pas, elle est d’humeur égale et peut s’adapter parfaitement à nos attentes. Mais cela ne pourrait-il pas nous priver du “piment” des relations humaines, où l’imprévisibilité et les contradictions jouent un rôle crucial ?
Conclusion
Au terme de cette journée riche en échanges, une chose est certaine : il n’y a pas de réponse simple à la question “Peut-on aimer une IA ?”ou “Qu’est-ce qu’une œuvre d’art ?”. Ce qui est clair, c’est que ce type de réflexion collective, mêlant philosophie et technologie, permet à chacun de prendre du recul, de questionner ses certitudes, et d’explorer les implications éthiques et existentielles de l’intelligence artificielle.