1, Qu’est-ce que la pairagogie ?
Le mot pairagogie est né en 2011 sous la plume de Howard Rheingold comme la construction d’un nouveau mot, il a hésité entre paragogie ou pairagogie pour finalement arbitrer pour pairagogie, la pédagogie entre pairs, étymologiquement un cheminement entre personnes « pareils ». Il illustre son propos en 2013 par le projet Handbook où ce sont les pairs qui ont construit leur propre manuel scolaire. La version 3 de 2015 est téléchargeable (http://metameso.org/~joe/docs/peeragogy-3-0-ebook.pdf) en langue anglaise. « Maintenant, grâce à l’accès à des ressources éducatives ouvertes et à des plates-formes de communication gratuites ou peu coûteuse, des groupes de personnes peuvent apprendre ensemble à la fois à l’intérieur et à l’extérieur des institutions formelles ». Les apprenants ensemble peuvent devenir auteurs de leur formation.
2, La pairagogie comme réponse à une nouvelle sociologie de la formation
Dans son baromètre « Science et société », une enquête Ipsos (19 octobre 2022) publiée par l’Institut Sapiens, on peut découvrir deux informations intéressantes. La première est que les trois quarts des français croient dans les bienfaits de la science, deux siècles d’impression sociale laissent des traces. Mais et c’est là de second point, il y a une défiance de plus en plus forte face aux autorités scientifique, pire deux français sur trois font plus confiance à leur voisin non scientifique qu’au experts reconnus pour leur parler de science. Qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire ? Dans tous les commentaires possibles nous retiendrons celui de la société de défiance, un moment rabelaisien. François Rabelais critiquait la société du Moyen-Age pour construire une société nouvelle, celle de la Renaissance. Nous connaissons un moment similaire, défiance des élites et émergence d’une nouvelle renaissance, la renaissance numérique. Lors de ces moments, c’est la proximité qui fait sens quand la culture est trop éloignée.
3, Comment devenir pairagogue friendly ?
Si le 20ième siècle était le siècle de l’expert, le 21ième est celui de l’apprenant qui n’est plus infantilisée, l’enfant étant celui dont la parole est privée, bien au contraire aujorud’hui, les pédagogues cherchent ses réactions. Si la foule devient intelligente, l’apprenant aussi. Et pas seulement dans sa dimension rationnel, dans toutes ses dimensions comme par exemple l’apprenant émotionnel ou relationnel. C’est pour cela qu’est né le marketing de la formation, voir le design, l’émotion complète la raison. La pairagogie devient une construction d’un commun, une communauté apprenante structurée par l’émotion pour construire des cristallisations apprenantes, une pédagogie homérique, des aventures apprenantes pour susciter l’adhésion et l’engagement des participants. La construction des communs nécessite un travail organisationnel pour définir autour de quoi regrouper les appreants, souvent les métiers font office d’identité et de commun, mais cela reste un choix stratégique.