Ces dernières années, les jeux en ligne sont devenus une source d’inquiétude, les parents craignant que leurs enfants développent vis-à-vis de ce loisir une dépendance qui les mettrait à l’écart de la société. Certains se sont montrés ainsi très inventifs pour réduire la place des jeux dans les emplois du temps, notamment en limitant les périodes de connexion à Internet.
Surmonter les inhibitions
L’apprentissage des langues semble une occasion parfaite de « gamifier » les cours. Certaines écoles utilisent déjà Minecraft – l’idée étant que les étudiants élaborent une zone d’apprentissage commun sur la plate-forme, en trouvant au fil du processus de nouveaux mots qui vont les y aider.
James Paul Gee, un chercheur en pointe sur la question des jeux vidéo et des apprentissages, a fait valoir que des jeux de rôle comme The Elder Scrolls ou World of Warcraft, ouvrent un espace d’apprentissage idéal pour ce qu’il appelle les étudiants « à risque ». En principe, il y a dans ces jeux ce qu’il faut de défi, d’entraide et de souplesse pour que les étudiants ne se sentent pas aliénés, et, ce qui est peut-être le plus important, ils ont même une certaine maîtrise du processus d’apprentissage.
Entretenir la motivation
Les jeux de rôle, plus spécialement les jeux de rôle massivement multijoueurs (MMO) comme World of Warcraft, Final Fantasy XIV et Runescape tendent à court-circuiter les éventuelles timidités. Les joueurs doivent communiquer en temps réel, sans marge de manœuvre pour s’interroger sur ce qu’il faut dire et la manière de le dire le mieux possible.
Cette immersion peut sembler terrifiante pour quelqu’un qui apprend une langue. Mais, en réalité, une étude très utile sur le jeu menée par Ian Glover – chargé de cours sur l’apprentissage amélioré par la technologie à l’Université Sheffield Hallam – a montré que les étudiants éprouvent un niveau de motivation extrinsèque très élevé lorsqu’ils jouent. En d’autres termes, ils ont vraiment à cœur de passer à un niveau supérieur, de gagner des bonus et des récompenses, qu’ils définissent comme les critères d’excellence dans l’espace de jeu.
Tisser des liens
C’est ce que le chercheur Zoltan Dörnyei décrit comme « des flux aiguillant les motivations ». Ce concept implique que, pour certains étudiants, la motivation repose complètement sur leur vision personnelle de la réussite.
Les jeux vidéo peuvent aussi aider les apprenants à développer des compétences sociales plus complexes. Cette approche s’inspire du philosophe russe Mikhail Bakhtine qui pensait qu’une communication vraiment significative résultait d’efforts de négociation entre les différences culturelles et de l’élaboration de solutions.
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Repéré depuis https://theconversation.com/peut-on-apprendre-une-langue-en-jouant-aux-jeux-video-118210