Enseignements au «rabais», incapables de rivaliser avec de «vrais» cours universitaires, «taux de complétion faibles» : voici ce que l’on entend le plus souvent à l’égard des MOOCS. Cela revient pourtant à nier l’amplitude d’une révolution entamée depuis le milieu des années 2000 et désormais en passe de bouleverser le monde éducatif.
Ainsi, depuis 2012, au moins dix millions de personnes ont déjà suivi un Mooc, tandis que des centaines de cours d’universités prestigieuses sont à présent accessibles gratuitement en quelques effleurements de doigts. Les entreprises ne sont pas en reste et s’intéressent de très près à ces dispositifs qui leur permettent d’accélérer leur transformation digitale en touchant avec efficacité des milliers de collaborateurs aux quatre coins du monde. Et pourtant, la presse regorge d’affirmation de chroniqueurs et analystes autoproclamés, annoncent la fin des Moocs, les limites des Moocs, l’hypocrisie des Moocs, l’absence de rentabilité des Moocs.Du soft Power
Il est évident que les Moocs sont largement perfectibles : vidéos souvent trop longues, pauvres d’un point de vue audiovisuel, fréquence d’apprentissage inappropriée, business model encore tatônnant etc. Il ne s’agit pas de copier maladroitement ce qui se passe en amphi, mais bien de profiter des possibilités offertes par le digital et l’interaction pour repenser le protocole pédagogique de sorte à le rendre aussi efficace que possible. Souvent, il est nécessaire d’avancer de manière itérative tant il n’existe que peu de référentiel.
«L’Éducation inversée»
L’intégration des Moocs dans la formation classique est également en plein essor : on demandera aux participants de se retrouver physiquement à une fréquence plus ou moins élevée afin de valider ensemble ce qu’ils apprennent. Cela procède aussi de ce que l’on appelle «l’Education inversée» ou plus largement le «blended learning» : les cours devant la tablette à la maison et les devoirs en groupe et donc en présentiel pour valider les connaissances acquises. Dans ces cas, les besoins en infrastructure locaux restent donc importants, mais permettent néanmoins une efficacité largement accrue par rapport à tout ce qui précède. De surcroît il est possible de décentraliser le savoir de façon incomparablement plus large qu’auparavant, les expériences ayant démontré que la nécessité d’un «sachant» n’y est plus aussi indispensable qu’auparavant. Des élèves issus de territoires ruraux, de pays en développement, pourraient donc y accéder sans pour autant se retrouver confrontés à la solitude de l’étudiant.
Plutôt que d’adopter une posture de rejet pour un phénomène dont plus personne ne peut décemment rejeter l’évidence, il serait opportun d’en faire un axe de développement fort : pour accroître l’efficacité et la rayonnement de la formation professionnelle, pour assister l’émergence du monde en développement et en particulier de la part qui relève de la francophonie, et plus généralement, pour en faire des outils de diffusion du savoir et des compléments éducatifs à tous les niveaux de la vie.