Les défis de l’enseignement pour la transformation écologique sont amplifiés par un paradoxe. D’un côté, il existe un consensus des scientifiques et de l’opinion publique sur la réalité de ses dangers et le rôle des activités humaines dans son accélération. Mais de l’autre, on constate que les politiques de tous pays peinent à prendre les mesures pour y remédier et que le climatoscepticisme progresse depuis 2020 en France . Selon [1] cette enquête, le doute sur l’origine ou l’existence du réchauffement climatique ne découle pas d’une défiance des scientifiques ou d’un manque de connaissances, mais d’un rejet de ce qui menace certains modes de vie et de valeurs. L’enjeu de sensibilisation ne se situe donc pas au niveau de la transmission d’informations, mais demande un travail infiniment plus complexe de changement et d’acceptation. Il s’agit d’accepter de transformer en profondeur le fondement des sociétés actuelles : le système d’échange mondialisé capitaliste libéral qui entretient la surconsommation humaine et surexploite les ressources de la planète.

Comment travailler avec les étudiant·e·s sur un thème aussi controversé, libérateur pour la planète mais menaçant pour leur mode de vie et leurs valeurs ? L’expérience pédagogique menée en 2023-24 avec des étudiant·e·s de Bachelor 2e année dans une école de commerce parisienne a fait le pari d’une forte rupture pédagogique. Nous décrivons tout d’abord le contexte, puis le dispositif pédagogique de ce projet original dans ses principes et ses modalités pratiques. Ensuite nous présentons ses résultats tels qu’ils ont été évalués avec les étudiant·e·s. Enfin, nous proposons une discussion sur les perspectives ouvertes par cette expérience de rupture pédagogique.

e dispositif comporte trois types d’activités pédagogiques étalées sur deux mois :

1. Un projet auto-choisi conduit en autonomie par des équipes librement constituées de 3 ou 4 étudiant·e·s. Chaque groupe a conçu, planifié et réalisé un projet de son choix dans la nature visant à se reconnecter à la nature, à soi-même et/ou aux autres et impliquant deux pratiques par semaine.

2. Des rencontres hebdomadaires en « équipes apprenantes » de 15 étudiant·e·s permettant le suivi des projets conduits en autonomie. Il s’agit de sessions d’échange où soit l’enseignant, soit un élève pouvait présenter un texte ou une vidéo inspirante pour lancer la discussion. Puis ils ou elles contribuaient à l’apprentissage collectif en expliquant, partageant, documentant leur pratique et réfléchissant à ces diverses expériences.

3. Une fête finale en demi-promo où toutes les équipes ont créé et fait vivre aux autres et à quelques invitées extérieures une activité créative qui aide à percevoir le changement d’habitudes, de valeurs et ou de comportement qu’ils ou elles avaient réalisé au cours de leur projet.

Le projet dans son ensemble

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