L’école est de plus en plus soupçonnée de « tuer la créativité ». Parmi les mythes qui traversent les institutions académiques, il en est un particulièrement tenace et toxique : celui de la « bonne réponse« .
L’école tue la créativité, affirme Sir Ken Robinson, dans un célèbre entretien TED que j’ai d’ailleurs relayé dans ce blog.
Le mythe de la « bonne réponse » toxique pour la créativité
Un de ces mythes qui tuent la créativité des enfants comme celle des maitres, est celui de la « bonne réponse ».
Comme si tout problème connaissait une unique réponse, valide, valable et vérifiable. Ce mythe de la bonne réponse unique n’est pas sans lien avec une certaine soif d’absolu, de vérité unique et révélée.
Il correspond aussi à une structure profonde et tout aussi fallacieuse de notre pensée : la pensée binaire. Car s’il existe une seule bonne réponse, cela veut dire que toutes les autres sont fausses, erronées, en un mot : mauvaises. On entre de plein pied dans le manichéisme ou tout est vrai ou faux, blanc ou noir, 1 ou 0.
Pourquoi cette réponse unique tue-t-elle la créativité ?
Dans la bonne réponse unique, il y a un seul mode de pensée à l’œuvre : le mode de pensée analytique, logique. Telle action entraîne mécaniquement tel résultat. Si le résultat de mon opération est conforme à celui du maître, j’ai la « bonne réponse » (en Belgique, on dira « j’ai bon, m’sieur !« ).
La pensée divergente et la pensée convergente
La pensée divergente : c’est la quantité d’idées qui importe
Dans un brainstorming, ce qui importe, c’est de récolter le plus grand nombre d’idées. On se moque de leur qualité. Ce qu’on veut, c’est en obtenir le plus grand nombre. Car comme le disait le prix Nobel Linus Pauling, cité dans L’Esprit design: Comment le #design thinking change l’entreprise et la stratégie, « pour avoir une bonne idée, vous devez avoir beaucoup d’idées« .
La pensée convergente : c’est la qualité des idées qui importe
Par contre, dans la seconde phase de la créativité ou d’un #brainstorming, c’est la qualité des idées qui devient importante. On tente d’isoler dans la masse d’idées exprimées, celles qui vont constituer une rupture par rapport aux pratiques en vigueur – la fameuse innovation ou disruption. Le modèle de cette deuxième phase est la pêche à la nasse : je ne garde que les poissons qui correspondent à ce que je recherche
L’habitude de la bonne réponse nourrit notre « avarice cognitive »
La « bonne réponse » renforce aussi un trait de caractère qui appauvrit la curiosité et l’inventivité, celui d’« avarice cognitive ».
Pour des pédagogies de la créativité
Bien sûr, il existe des cas qui n’appellent qu’une seule et bonne réponse : 2 + 3 égalera toujours 5. Mais ce type de réponse mathématique ou logique n’a que peu de rapport avec notre monde fait de relations humaines complexes, de systèmes de pensée ou de croyances qui s’opposent voire se déchirent, de problèmes systémiques et mondialisés.