1.
S’il te plaît, dessine moi le SOCIAL LEARNING

2.
La COMMUNAUTÉ ne se décrète pas, elle SE CONSTRUIT !

3.
Actions – réactions : NOURRIR L’ÉCHANGE

4.
La boîte à OUTILS

Le mot de la fin

Learning community manager :
rencontre du 3e type ?

Non le #social learning n’est pas né de la dernière pluie de réseaux sociaux ! Mais il s’y épanouit. Dans les années 70, le psychologue canadien Albert Bandura définissait les contours et les effets de l’apprentissage social.

Aujourd’hui, le social learning a pris une dimension nouvelle et tend à se généraliser avec l’essor des #MOOC, l’enrichissement les plateformes #LMS et l’avènement de communautés de pratiques dans les entreprises. Au cœur de cet « Apprendre ensemble », un profil émerge sur la planète formation : le Learning community manager. Il modèle, fédère et anime les communautés d’apprentissage ou de pratiques pour enrichir la formation d’une dimension sociale et collaborative de co-construction de savoir entre pairs.

1.
S’il te plaît, dessine moi le SOCIAL LEARNING

Véritable darwinisme « techno-sémantique », le concept de social learning ou apprentissage social a évolué sous les ajouts successifs ou les mutations de paradigmes de nombreux psychologues, théoriciens de l’éducation. Il a pris sa pleine expression avec les outils de communication mondialisés du XXIe siècle.

De l’apprentissage vicariant à la zone proximale de développement

Avant d’opter pour une dénomination plus large de ses recherches sous le nom de « théorie sociale cognitive », Albert Bandura avait démontré, dans les années 70 et 80, dans son ouvrage sur l’apprentissage social, l’efficacité des comportements d’imitations de ses pairs dans l’apprentissage. On parle alors d’apprentissage vicariant.

De même, Lev Vygostski, psychologue socio-constructiviste, introduit la notion de Zone proximale de développement aux termes de laquelle un apprenant progressera plus efficacement au contact d’un pair maîtrisant ce que lui-même cherche à acquérir plutôt que par une enseignement académique descendant.

La ZPD résumée en un slide, réalisé par Christophe Jeunesse, enseignant/chercheur à l’Université Paris Ouest Nanterre :

Ces théories et paradigmes socio-éducatifs ne pouvaient alors intégrer la révolution qui s’annonçait : Internet et les réseaux sociaux. Encore que…

Du savoir scientifique au savoir narratif

En 1979, Jean-François Lyotard, philosophe français publie « La condition postmoderne. Rapport sur le savoir ». Dans cet essai, il décrit l’effet de l’informatisation de la société sur le savoir. Il y distingue le savoir scientifique étayé par des preuves irréfutables et émanant d’une communauté légitime et le savoir narratif construit par agrégation de morceaux de savoir, partagés dans une sphère sociale et légitimés non par des preuves scientifiques mais par son adoption par une communauté. Lyotard ne hiérarchise pas savoir scientifique et savoir narratif mais distingue nettement leur mode d’émergence et de diffusion parmi les apprenants. Ce savoir narratif inclut le savoir pratique et opérationnel.

Partant de cette dichotomie entre savoir scientifique et savoir narratif, Daniel Peraya, docteur en communication et spécialiste de la formation à distance médiatisée, qualifie les savoirs échangés entre apprenants via les réseaux sociaux et le web en général. Il les décrit comme des savoirs narratifs, basés sur le retour d’expérience ou la compréhension individuelle soumise à la réflexion collective.

Cette forme nouvelle d’acquisition des savoirs, plus accessible car reformulée à l’aune de l’expérience de chacun, constitue aujourd’hui un complément indispensable aux savoirs plus académiques transmis par le formateur (en salle ou à distance). Mais le Social Learning ne se suffit pas à lui-même, il est la brique sociale qui évite l’isolement et entretien la motivation. Il permet une transformation plus efficiente de la connaissance en compétence au travers d’une communauté d’apprentissage que le Learning community manager est en charge de rassembler et d’animer.

2.
La COMMUNAUTÉ ne se décrète pas, elle SE CONSTRUIT !

Combien de questions jetées comme des bouteilles à la mer sur des forums désertés ? Combien de fils de discussion faméliques, faute de membres actifs ?

L’autonomie des apprenants a pour corollaire la solitude et l’isolement, source d’abandon. La communauté d’apprenants constitue une réponse à cet écueil autant qu’elle favorise la motivation et l’apprentissage informel.

Toutefois, une communauté ne se décrète pas. Le Learning community manager se doit de la construire, d’y engager les apprenants et de renouveler leur intérêt à y rester. A sa disposition des compétences et des outils. Mais avant de construire, autant savoir ce que l’on doit construire et sur quelles bases : qu’est-ce qu’une communauté d’apprenants et surtout que n’est-elle pas ?

L’avis en Communautés

La communauté est une notion à géométrie variable entourée d’un flou quant à sa définition.

Parle-t-on de communauté d’apprentissage, que l’on pourrait définir (par analogie avec la définition de Grégoire en 1998) comme « un groupe d’apprenants et au moins un formateur qui, durant un certain temps et animés d’une vision et d’une volonté communes poursuivent la maîtrise de connaissances, d’habilités ou d’attitudes ?

Se place-t-on du point de vue de Wenger qui définit une communauté de pratiques comme « une structure sociale qui partage un intérêt, un ensemble de problèmes ou une passion pour un sujet et qui approfondit ses connaissances et son expertise dans ce domaine en interagissant de manière continue.” ?

La communauté d’apprenants regroupe sans doute aujourd’hui les les deux notions et va en tout cas plus loin que la simple communauté d’intérêt qui regroupe des individus partageant au moins une identité, sinon des expériences ou des préoccupations.

Il s’agit donc d’offrir aux apprenants un espace conversationnel, le plus souvent asynchrone, et d’impulser une dynamique d’échanges entre pairs sur les thèmes de la formation. La communauté ne s’autoalimente pas. Elle a besoin d’un animateur/modérateur.

Motivation de l’apprenant : anticipez !

Pour construire une communauté d’apprentissage, le Learning community manager doit s’interroger sur les motivations profondes de l’apprenant face à la communauté. Chacun des membres doit retirer, de ses contributions, un bénéfice équivalent au temps qu’il y consacre.

Le pédagogue doit ainsi fixer avec le Learning community manager des objectifs précis et réalistes à la communauté. Le Learning community manager doit, sur ces bases, parvenir à créer et entretenir des relations affectives et sociales fortes.

Pour anticiper les actions et stratégies à mettre en œuvre dans l’animation de la communauté, le Learning community manager peut s’appuyer sur la liste d’interrogations qui viennent généralement à l’esprit d’un apprenant avant de rejoindre et de prendre part à une communauté. La liste publiée par Preece (Université du Maryland) et Maloney_krichmar (Sinai hospital, USA) permet d’anticiper.

En image, quelques questions potentielles de l’apprenant et les réponses à apporter avant même le lancement de la communauté :

3.
Actions – réactions : NOURRIR L’ÉCHANGE

Une fois les apprenants invités à s’inscrire et les premiers messages postés, l’aventure peut commencer. Animer et pérenniser une communauté d’apprenants est un challenge. Le Learning community manager peut y exprimer ses talents d’animateur et de modérateur.

L’animation de la communauté est réalisée à différents niveaux : technique, organisationnel, motivationnel, social et pédagogique. Le Learning community manager a ainsi une palette de missions au sein de la communauté :

  • une mission d’aide sur l’appropriation du dispositif et des outils par la communauté ;
  • une mission d’animation pour faciliter les discussions (proposition de thèmes ou de questions qui vont alimenter les échanges), ne laisser aucune question sans réponse et recentrer le groupe sur son sujet lorsque les digressions n’apportent rien ; des rendez-vous synchrones réguliers avec la communauté des apprenants permettent de renforcer le lien et d’individualiser le parcours de chacun ;
  • une mission de gestion et de coordination pour gérer la liste des membres de la communauté ; inviter chacun à se présenter, accueillir les nouveaux ;
  • une mission de coaching pour encourager les apprenants à poursuivre, reconnaître les efforts de chacun et favoriser les interactions entre les membres ;
  • une mission d’orientation et de conseil vers les contenus appropriés ou vers des ressources complémentaires ;
  • une mission d’assistance dans la compréhension des contenus et la vérification des informations postées afin que les contenus qui émanent de la communauté soient jugés comme fiables ;
  • une mission de modération en éliminant les messages « parasites » agressifs ou hors sujet.

Le Learning community manager peut identifier quelques leaders dans le groupe et s’appuyer sur eux pour renforcer les interactions, et s’assurer que chacun pourra trouver une réponse à ses interrogations.

Enfin, la mission semble périphérique mais son importance est cruciale et rejoint la fonction de son cousin le community manager traditionnel : l’analyse des données. Au-delà du nombre de vue des messages postés par les apprenants ou par l’équipe pédagogique sur les réseaux sociaux, le Learning community manager surveille la variation du nombre d’inscrits, le taux de retours sur les évaluations par les pairs, le volume d’échange entre pairs, les sujets qui recueillent le maximum de réactions… L’analyse de ces éléments est fondamentale pour adapter sa communication auprès des apprenants et faire émerger des sujets d’échange pertinents.

D’autant que chaque canal (Facebook, Twitter, le forum lié à la plateforme) correspond un type de communication privilégié :

  • le forum pour poster les travaux à réaliser et permettre les évaluations par les pairs, par exemple ;
  • Facebook pour l’annonce d’événements, pour une communication entre apprenants qui peut recenser les trucs et astuces testés par les membres du groupe et qui se révèle moins dirigée par le Learning community manager ;
  • Instagram pour que chacun puisse poster des photos de ses réalisations, par exemple…

Le Learning community manager est bien souvent lui-même membre d’une communauté de pratique dans lequel il peut échanger sur ses retours d’expériences et sur les bonnes pratiques de gestion du groupe d’apprenants.

En matière de gestion d’une communauté d’apprentissage, le Learning community manger est l’élément central et donc indispensable au succès de la communauté.

4.
La boîte à OUTILS

Dans la boîte à outil du Learning community manager, on retrouve la simplicité, la flexibilité et la performance d’outils grand public plutôt que d’outils propriétaires. L’acculturation de la communauté à ces outils est de façon générale plus avancée ; le frein d’appropriation technique sera levé plus facilement en « collant » aux habitudes de communication des apprenants.

On retrouve ainsi :

  • les outils de visio du marché pour les sessions de mentorat : Skype, Hangout, FaceTime ;
  • les applications de gestion de groupes projet ou d’événements pour le partage d’idées et le suivi individuel des apprenants : Slack ou Trello notamment ;
  • les outils de travail collaboratif pour le partage de documents : DropBox, Google Drive entre autres.

Privilégier les outils de communication du quotidien, familiers des apprenants apporte une véritable valeur ajoutée à l’expérience utilisateur. Toutefois, ces outils sont encore aujourd’hui bien souvent dédaignés voire bannis par les entreprises au sein desquelles les DSI font parfois régner la crainte des failles de sécurité.

Le mot de la fin

Le mot de la fin à un Community manager bien sûr ! En un peu plus de 3 minutes, un tour d’horizon d’une fonction en plein essor qui fait son apparition sur les sites de recrutement