Connaissez-vous un secteur d’activité dans lequel des prestataires de services n’auraient aucun compte à rendre vis-à-vis de l’efficacité de leurs solutions ? Ils sont rares. Le secteur de la formation en fait partie. Le meilleur moyen de le constater est d’aller dans les salons RH à la rencontre des organismes de formation (OF) qui ne mentionnent jamais leurs taux de connexion ni de complétion.
Pour ne prendre que l’exemple de l’e-learning traditionnel et non tutoré ; si vous achetez un module pour 100 personnes, une seule en moyenne terminera la formation. Il est donc tentant pour les prestataires de masquer ces chiffres, pour tromper les acheteurs. Sans quoi ils ne pourraient vendre leurs solutions à de tels prix, voire ils ne pourraient les vendre tout court. Alors à quand une transparence dans ce secteur, un peu d’honnêteté et surtout une vraie logique d’analyse de la valeur créée par les formations ?
L’opacité sur les taux de connexion et de complétion
Pour y voir clair dans le brouhaha des KPI, quelques taux sont à connaître :
- Taux de connexion : ratio entre le nombre de personne inscrites à une formation et le nombre de celles qui commencent la formation
- Taux de complétion : ratio entre le nombre de personne qui ont commencé une formation et le nombre de celles qui terminent la formation
L’e-learning traditionnel, non tutoré, lorsqu’il ne concerne pas des formations obligatoires (imposée par l’employeur pour répondre à des obligations réglementaires), connaît un taux de complétion moyen de 10% et un taux de connexion moyen de 10%. Ce qui signifie que pour 100 personnes inscrites à un module e-learning non obligatoire et non tutoré, 10 commenceront la formation et une seule ira jusqu’a bout. (Source Cabinet IL-DI)
L’opacité sur les taux de satisfaction
Même si mesurer l’efficacité d’une formation ne se réduit pas à analyser le taux de satisfaction, c’est déjà un premier critère, facile à mesurer. Il correspond à la note moyenne donnée par des apprenants lorsqu’ils terminent une formation. Pourtant, il est rarement communiqué par les OF, et même quand il l’est, il est sur-évalué.
Un changement amorcé par le CPF, mais il reste de belles embûches
La première initiative de taille sur ce sujet viendra en novembre, avec l’application CPF, qui permettra à chaque personne qui se forme en utilisant son CPF de laisser un avis public sur la formation suivie.
La deuxième évolution arrive dès 2020. Les organismes de formation auront enfin l’obligation de passer une certification qualité. Pour ne pas attendre ce que la dernière réforme amènera ces prochains mois, il faudrait un véritable élan des OF dans une transparence sur leurs indicateurs d’efficacité (encore faut-il qu’ils la mesurent), et une forte exigence des responsables formation pour demander en amont d’un achat les taux, ratios et autres chiffres témoignant de l’efficacité des formations dispensées.