Les pouvoirs publics ont du mal avec la pédagogie des contrats d’apprentissage. Pour preuves : avec la loi du 5 septembre 2018, ils ouvrent enfin l’AFEST à la formation professionnelle continue, mais ils l’excluent encore pour l’apprentissage. Avec la loi de finance du 14 février 2025, ils réduisent les « NPEC » (niveaux de prise en charge) de la formation à distance. Pourquoi ces réticences autour de modalités pédagogiques, qui pourtant ont fait leur preuve ? Et comment libérer les contrats d’apprentissage de contraintes pédagogiques, qui n’ont plus lieu d’être ?
Les décideurs victimes de la doxa pédagogique
Les pouvoirs publics, et plus largement, la plupart des décideurs dans le domaine de la formation sont victimes de ce que l’on pourrait appeler, avec Pierre Bourdieu, la « doxa pédagogique », c’est-à-dire de la pensée dominante en formation, du sens commun accepté par tous et allant de soi sur ce qu’est une « bonne » formation.
Croire que la formation « c’est l’école des grands », induit des prises de position qui vont à l’encontre de ce que devrait être la formation aujourd’hui. C’est malheureusement ce que fait le Législateur, quand il exclue l’AFEST de l’apprentissage et quand il cherche à pénaliser la formation à distance. Loin de s’ouvrir à la logique de « l’apprenance » et de placer l’apprenant au cœur des dispositifs d’apprentissage, il plaque le bon vieux modèle scolaire.
3 pistes pour sortir de l’impasse gestionnaire et libérer la pédagogie de l’apprentissage de ses contraintes
Face aux abus de certains opérateurs et surtout aux conséquences de la crise budgétaire, Gouvernement et Législateur essaient de résoudre le problème en urgence. Guidés à la fois par une logique passéiste de ce qu’est une « bonne » formation en alternance et une approche gestionnaire (faire autant avec moins !), ils préconisent des solutions-rustines, là où il faudrait repenser totalement le modèle d’apprentissage.
- Piste #1 : éviter de rajouter des contraintes pédagogiques à l’apprentissage
- Piste #2 : se focaliser sur l’évaluation de la vraie valeur ajoutée d’un CFA
- Piste #3 : conditionner les aides aux entreprises et / ou valoriser les entreprises exemplaires