Qu’est-ce qui différencie encore l’homme de la machine ? Si elle est loin de la richesse du cerveau humain, l’intelligence artificielle cherche aujourd’hui de nouvelles idées du côté des neurosciences.
Il y a quelque chose d’ontologiquement déplaisant, dans cette histoire d’intelligence artificielle (IA). Difficile de ne pas se sentir dépossédé de cette exclusivité qu’on pensait éternelle, inscrite dans le marbre de l’évolution. Comme pour nous rassurer avant même qu’on s’inquiète trop, les spécialistes sont formels : l’intelligence artificielle générale, celle qui sera capable de comprendre le monde aussi bien que nous, de raisonner comme nous, et, accessoirement, de nous dépasser si l’envie lui prend, n’est pas pour demain. Ni pour après-demain. Un réseau de neurones artificiels n’a rien à voir avec un cerveau, qu’il soit humain ou non. Les «neurones» du premier sont, au niveau fondamental, des fonctions mathématiques, alors que les neurones biologiques sont des cellules complexes, des transmetteurs de signaux bioélectriques, dont on n’a pas encore percé tous les secrets. Certains chercheurs rechignent même à parler d’intelligence artificielle et préfèrent des termes aux consonances plus techniques comme «apprentissage statistique». Pour autant, pour espérer rendre les réseaux de neurones plus performants, il faut se creuser la tête. Ou, plus exactement, creuser dans notre tête.
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