La journaliste américaine spécialisée dans les questions d’éducation, Peg Tyre(@pegtyre) auteur notamment de La bonne école, revient dans un long article pour Medium sur l’usage de l’informatique à l’école. La révolution de l’apprentissage personnalisé assisté par la technologie promet un enseignement adapté, permettant aux algorithmes de recalibrer en continu les apprentissages pour répondre aux besoins des élèves. Faut-il croire que tout le monde va pouvoir recevoir demain l’éducation personnalisée qui était autrefois réservée à l’élite ?
La politique de l’introduction de l’ordinateur à l’école n’a pas fait ses preuves – voir “Dans la salle de classe du futur, les résultats ne progressent pas” – et les déboires récents de l’informatisation du district scolaire de Los Angeles, ou celui du comté de Guilford en Caroline du Nord, longtemps cité comme un pionnierjusqu’à ce qu’il réinitialise tout son programme, ne sont pas pour rassurer – en France, l’expérience Ordicollège19 initiée en 2008 par le Conseil général de Corrèze est également restée un cas d’école, régulièrement étrillé.
Pour Peg Tyre, la #technologie ne va pas aider à former et conserver ce dont l’enseignement a le plus besoin : de bons professeurs. Tout le monde souhaite une école plug and play, bon marché, ou un professeur enseigne à des centaines d’étudiants. Mais plus encore dans ces situations, les meilleurs programmes scolaires reposent sur eux, insiste Peg Tyre. Pour Josh Densen, le responsable de Bricolage Academy, #l’apprentissage mixte fonctionne parce qu’il permet de renforcer “l’effet de l’enseignant”, si et seulement si celui-ci est bon. Pour le dire autrement, investir dans la technologie ne suffit pas, il faut d’abord aider les professeurs à être meilleurs. Sans eux, l’#apprentissage mixte n’est qu’un moyen pour délivrer moins d’enseignement avec moins d’enseignants.
La chercheuse danah boyd a réagit également à l’article de Peg Tyre. “Les problèmes auxquels nous sommes confrontés dans #l’éducation sont d’ordre social et politique”, rappelle-t-elle. Le risque est de promouvoir des technologies qui ne font qu’exacerber les problèmes existants : l’inégalité et la méfiance. Si pour elle, exclure la technologie de la salle de classe n’a pas de sens, il faut renouer avec les objectifs sociétaux de l’#éducation. Le risque pourtant, est que nous formions les élèves à devenir des robots. Et la chercheuse de rappeler qu’à la fin du XIXe siècle, l’éducation aux Etats-Unis n’était pas particulièrement altruiste. “Ce qui a rendu l’éducation généralisée possible était que les entreprises américaines avaient besoin de travailleurs. L’industrialisation exigeait une population socialisée dans des cadres d’interaction et de comportement très particuliers. Les usines avaient besoin de travailleurs sachant rester en place.”
La question qui se pose est la suivante : quel type d’individu l’entreprise de demain a besoin ? De créatif ou des personnes sachant travailler avec des robots ?
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