En novembre 2021, le Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) des Pays de la Loire a démarré un projet d’innovation pédagogique qui avait pour objectif d’expérimenter la mise en place des Open Badges* dans des dispositifs de formation en alternance.
Ces open badges devaient permettre une nouvelle forme de reconnaissance pour les alternants, ce qui allait notamment faciliter leur employabilité.
Evidemment, l’open-badge (OB) est un objet nouveau. En 2021, il n’y avait pas en France véritablement d’usages installés, et le sujet inspirait et suscite encore beaucoup d’imaginaires.
Or, quand on parle d’open badge, on parle de “reconnaissance ouverte”. Nous allions nous confronter certainement à un changement de culture. Comment une institution comme le Cnam, garant du savoir et émetteur de diplômes, pouvait s’emparer d’un objet qui a pour vocation de reconnaître l’invisible, l’informel ?
En mars 2022, toute l’équipe de pilotage est acculturée aux open badges. Tout le monde est formé à la création d’un badge et sait maintenant de quoi il s’agit et comment ça fonctionne.
En effet, ce système de “reconnaissance ouverte”, où chacun a la liberté de reconnaître l’autre, interroge beaucoup notre équipe pédagogique.
Cela fait apparaître de nouvelles questions : en quoi le fait de reconnaître quelque chose à un camarade a de la valeur ? Et même si c’est le Cnam qui délivre le badge, comment allons-nous évaluer ce type de compétences transverses, sur quels critères ?
Mais aussi de nouvelles hypothèses : “C’est l’occasion pour les élèves de s’interroger sur leurs propres compétences et sur ce qu’ils veulent mettre en avant les concernant.”
La confrontation à un nouvel objet, de surcroît numérique, est toujours la source de confrontation. Comme le dit Josiane Jouet, “l’appropriation est un procès” (Jouet, 2004).