Nous rapportons dans cet article deux expériences d’apprentissage coactif embarquant le numérique, conduites avec des étudiants en information-communication de l’Université de Lorraine.
Nous appuierons ces expériences sur les concepts liés à l’hybridation de l’apprentissage dans un contexte numérique et collaboratif. Nous mettrons l’accent sur l’articulation entre travail individuel et travail en équipe, en présentiel et en distanciel, avec notamment l’expérience autour de needle5. needle est un service d’accès aux contenus en ligne qui constitue une alternative aux moteurs de recherche et aux réseaux sociaux, sous forme d’une extension au sein de son navigateur, grâce à laquelle l’utilisateur peut indexer les pages web qui l’inspirent (Fig. 1).
Chaque contribution au réseau needle ouvre l’accès à de nouvelles sources d’inspiration le long des fils de celles et ceux que l’on croise. Les trouvailles peuvent être mutualisées en se réunissant dans des groupes, mais aussi en contactant quiconque croise son fil. Ainsi, en guidant la formalisation du travail individuel réalisé à distance, hors de l’espace-temps des séances, l’outil offre les conditions nécessaires au partage des réflexivités propres à chaque membre du groupe et donc la possibilité d’exercer une intelligence collective (Falgas, 2018a).
Cette expérience pédagogique s’inscrit dans une démarche d’apprentissage par problème, en références aux travaux de (Atmani et Stainier, 2000) : « Le processus d’apprentissage dans cette méthode débute par un problème. Les étudiants sont invités à discuter entre eux à partir d’une situation problématique de la vie réelle. (…)
En analysant les problèmes, les connaissances déjà acquises sont réactivées et les étudiants sont motivés à trouver des réponses à leurs propres objectifs d’étude, au moyen d’activités dynamiques et indépendantes. Ainsi, la connaissance non seulement est mieux retenue, mais aussi plus facilement retrouvée lors de situations pratiques. »
Travail collaboratif, curation de contenu ou gestion personnelle de l’information, veille numérique collaborative, toutes ces pratiques qui résultent de l’usage actuel des outils numériques, ont été investies dans le cadre d’expériences d’apprentissage coactifs orientées par problème et menées avec des étudiants en information et communication. Nous tentons de comprendre en quoi le partage des ressources numériques entre les apprenants et enseignants et la contribution à l’enrichissement des enseignements par les étudiants, peuvent favoriser le renforcement des compétences numériques des apprenants, ainsi que le développement de leur esprit critique, en situation d’apprentissage par problème et plus largement d’apprentissage coactif en mode hybride. Nous interrogeons également l’intérêt du recours à des dispositifs numériques innovants issus du monde académique – voire portés par des enseignants-chercheurs en charge des enseignements eux-mêmes – par rapport à l’appui sur les dispositifs grand public tels que ceux proposés par les GAFA, aujourd’hui sous le feu de la critique pour l’opacité de leurs algorithmes autant que pour les effets pervers de leurs modèles économiques. Les dimensions sociales et ubiquitaires qui résultent de ces expériences d’apprentissage et qui allient numérique, espaces augmentés et repensés, nous font aussi envisager autrement l’enseignement. Ainsi, en tant qu’acteur de ces dispositifs, l’apprenant participe à co-construire des savoirs, à l’aide notamment, d’appareils mobiles et connectés.
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Repéré depuis https://journals.openedition.org/dms/5073