L’autoformation constitue une tradition ancienne de recherche en sciences humaines. Self directed learning dans un environnement anglo-saxon, selbstgesteuertes lernen dans un environnement germanique. En France, il faudrait évoquer de multiples auteurs pour payer une dette à leurs travaux si riches. Je citerai seulement Joffre Dumazedier (2002) qui a contribué à faire émerger l’idée de sujet social apprenant et Gaston Pineau (1983) dont les histoires de vie nous enseignent toute la place de l’autre dans la formation de soi. Si l’autoformation a été souvent étudiée à partir de sujets individuels, l’inflexion actuelle de la recherche et les nouvelles possibilités numériques nous incitent à explorer plus en profondeur la dimension sociale de l’autoformation. Et si la figure de l’autodidacte qui se hisse à la force de son poignée était en train de s’enrichir de nouvelles pratiques à l’ère numérique ?
Le néologisme de sociodidacte utilisé par Philippe Hermelin (2001, 2009) pourrait bien caractériser cette nouvelle forme d’apprenant qui décidemment n’apprend jamais seul et le fera d’autant moins qu’il a désormais le loisir de se connecter avec d’autres sur internet. C’est l’objet de ce texte d’en repérer les contours. Dans un premier temps, il fera un état de la question de l’autoformation. Compte tenu de la masse de connaissances, l’état ne sera pas exhaustif. Dans un deuxième temps il brossera les contours de ce que nous nommons sociodidacte. Dans un troisième temps, il rappellera les formes de communautés en ligne et les comportements observables de sociodidactes en leur sein. La conclusion s’efforcera de poser des questions complémentaires sur les enjeux qui se mettent en place.