On a déjà parlé plusieurs fois de l’art de la mémoire dans nos colonnes : ne s’agit-il pas de la première technique d’amélioration mentale ? Officiellement, l’art de la mémoire est né au sein de la civilisation gréco-romaine. Mais cette vision est peut-être bien trop eurocentrique… Dans un article fascinant pour la revue Aeon, Lynne Kelly (blog, @lynne_kelly) nous présente quelques techniques « d’art de la mémoire » utilisées par les populations de chasseurs-cueilleurs du monde entier. Cet article reprend bon nombre d’idées qu’elle expose dans son récent et passionnant ouvrage, The Memory Code.
L’incroyable mémoire des Anciens
Ce qui caractérise un grand nombre de civilisations traditionnelles, explique-t-elle, est la prodigieuse mémoire possédée par leurs Anciens. Ainsi, nous rappelle-t-elle, les Navajos sont-ils capables de se remémorer jusqu’à 700 insectes avec leur aspect, habitat, leur comportement… et les Mangyans des Philippines seraient en mesure de reconnaître 1625 plantes différentes, dont certaines inconnues de la science occidentale.
Le monde dans son jardin
Les performances des Anciens nous paraissent incroyables. Lynne Kelly a voulu passer à la pratique. Ce qu’elle raconte dans son livre The Memory Code.
Elle a utilisé comme théâtre de ses pistes de chants sa propre maison, son jardin et l’environnement immédiat. Elle y a stocké diverses formes d’information, par exemple la liste des pays, classés par ordre de population. Les 120 premiers pays sont « placés » dans sa maison et son jardin ; les autres sur la route qu’elle prend quotidiennement pour se rendre à la boulangerie. Elle a également fabriqué des « micro-espaces de mémoire », un à la semblance d’un lukasa, d’autres étant des jeux de cartes ou de tarots.