Grâce à l’intelligence artificielle, les parcours de formation à distance sont de plus en plus personnalisés et personnalisables.
L’intelligence artificielle est au cœur des parcours d’adaptive learning (ou apprentissage adaptatif). Ce concept repose sur la personnalisation des formations en s’appuyant sur des algorithmes capables d’analyser en temps réel de gros volumes de données sur les apprenants. Bien que le terme soit de plus en plus utilisé, cette modalité pédagogique n’en est encore qu’à ses prémisses. Mais elle promet dans le futur d’offrir des contenus réellement sur mesure.
Cruciales données
Comme tout bon outil reposant sur l’IA, l’adaptive learning a besoin de données pour nourrir les algorithmes qui permettront de personnaliser la formation à chaque apprenant. “[Pour les obtenir,] nous faisons remplir un questionnaire à l’inscription, à l’instar de n’importe quelle autre école”, indique Matthieu Nebra. De quoi avoir des informations sur le profil des apprenants, leur statut sociodémographique, leurs précédentes formations, etc. Aux éléments recueillis par questionnaire s’ajoutent ensuite les données collectées au fur et à mesure de l’avancée dans le parcours pédagogique : le temps passé sur chaque module, le niveau de maîtrise d’un sujet ou celui de complétion des contenus, le comportement au cours de la formation… Autant de données cruciales mais pas toujours faciles à obtenir, notamment pour les organismes de formation à destination des professionnels, comme l’Icédap. “Selon les secteurs d’activité des entreprises qui font appel à nous, récupérer les données n’est pas aisé. Il faut obtenir leur confiance en leur apportant des garanties de sécurité sur la collecte”, explique Véronique Hillaire, la responsable marketing et RSE de cette structure.
Beaucoup d’humain
Et si disposer de données est primordial, encore faut-il ensuite pouvoir les analyser, bien les utiliser et y associer un contenu adapté. “Avoir une plateforme qui soit capable de dire quels contenus correspondent aux apprenants est une bonne chose. Mais il faut encore en avoir en nombre suffisant et qu’ils soient appropriés pour l’adaptive learning”, souligne Grégory Gallic. Ce qui nécessite un gros travail en amont sur l’offre proposée. Les contenus doivent aussi être triés, en leur attribuant par exemple des mots-clés afin que les algorithmes reconnaissent de quoi ils traitent et puissent les faire correspondre aux attentes des apprenants – tâches qui demandent des compétences humaines.
Le développement de l’intelligence artificielle devrait en tout cas lui faire gagner en efficacité. “L’IA permettra à terme d’offrir un enseignement plus réactif. En fonction de ses réponses, l’apprenant sera réorienté vers telle ou telle connaissance pour la renforcer. Mais attention à ne pas oublier l’aspect humain”, préconise Coryne Sultan. D’après l’édition 2023 du baromètre annuel du groupe Cegos, qui a interrogé une soixantaine de DRH en France, 72 % d’entre eux comptent sur l’IA pour individualiser, à terme, les parcours de formation. Et parmi les modalités pédagogiques sur lesquelles ils misent, l’adaptive learning fait partie des plus attendues (37 % des répondants), juste derrière l’e-coaching (38 %) et devant le social learning (33 %). Un concept dont on n’a donc pas fini d’entendre parler.