La classe inversée, qui consiste à inverser les temps d’apprentissage pour en finir avec les cours magistraux, se répand dans les pratiques enseignantes. Marie Soulié, ancienne professeure de français en collège, aujourd’hui formatrice et auteure de l’ouvrage Enseigner en classe inversée (ESF, 2022), l’a pratiquée pendant plus de 10 ans. « Dans les années 2010, alors que j’enseignais encore de manière traditionnelle, je rencontrais des problèmes de plus en plus récurrents de manque d’engagement des élèves, d’absence de travail à la maison, etc. Cela devenait tellement pesant que j’en ai déduit qu’il fallait que je fasse évoluer ma posture d’enseignante. Partie de ce constat, j’ai imaginé un dispositif pédagogique de classe inversée », explique-t-elle.
Une inversion des tâches
Marie Soulié a imaginé un protocole où les tâches complexes (la mémorisation, l’échange, la collaboration) sont réalisées pendant les temps de classe. « Les tâches simples, comme par exemple visionner sur l’ENT une capsule de mise en bouche qui annonce le cours suivant, sont déportées à la maison. Ces tâches comprennent également l’écriture de la trace écrite, c’est-à-dire ce qui reste dans le cahier des élèves une fois le cours terminé », précise-t-elle.
Des activités collaboratives en classe
Dans le dispositif de Marie Soulié, les élèves se répartissent de façon aléatoire en petits groupes et, pendant les 5 à 10 premières minutes du cours, interagissent à propos du contenu de la vidéo. « Pendant ce temps, je m’occupe de ceux qui ont eu des difficultés à comprendre le contenu de la capsule. » Par la suite, l’ensemble de la classe se mobilise autour d’une tâche complexe, qui peut être une démarche d’investigation.
Un changement de posture inévitable
Ce protocole, qui peut s’appliquer à différentes disciplines, nécessite néanmoins un changement de posture chez les enseignants. « Il implique aussi beaucoup de travail, d’une part de création de « contenus d’échauffement » que les élèves doivent consulter avant le cours, d’autre part de conception pédagogique », relève Marie Soulié. Par ailleurs, les « inverseurs » doivent être en mesure de convaincre les chefs d’établissement ou les familles qui se montreraient sceptiques..





